Migration : le progrès technologique aux frontières menace les droits fondamentaux
Une étude d’Amnesty international pointe une utilisation des avancées technologiques aux frontières qui se ferait au détriment des droits des personnes migrantes.
« Les États n’ont pas d’obligation envers les entreprises privées, mais sont tenus de veiller à ce que les acteurs étatiques et non étatiques respectent les droits des personnes en mouvement », affirme Eliza Aspen, chercheuse à Amnesty International.
Cette dernière revient sur le développement des nouvelles technologies par des entreprises privées, utilisées pour le contrôle migratoire aux frontières.
Dans une synthèse intitulée « The Digital Border: Migration, Technology, and Inequality », Amnesty international pointe les risques que fait peser l’utilisation de technologies telles que l’IA, sur les droits fondamentaux des personnes migrantes.
Abus ?
Capteurs biométriques de type militaire, développement d’outils numériques pour le traitement des déplacements, surveillance par drones, l’arsenal technologique déployé aux frontières, notamment en Europe et aux Etats-Unis, fait craindre des abus à l’encontre de populations déplacées, « déjà exposées à un risque élevé d’exploitation et de marginalisation ».
Pour Amnesty international, les technologies exacerberaient les « inégalités raciales, économiques et sociales ». « Les travailleurs migrants et les personnes dont le statut de citoyen est incertain sont souvent soumis aux mêmes formes de surveillance, de contrôle et d’exploitation numériques que les personnes demandeuses d’asile et réfugiées, et sont ciblés de la même manière par ces technologies », explique l’ONG.
Garantir les droits
« Les entreprises qui développent ces technologies doivent intégrer des garanties dans leur utilisation, appliquer la diligence requise en matière de droits humains et procéder à des évaluations de l’impact sur les données en amont de leur déploiement, et non après que des abus n’aient été commis », avertit Eliza Aspen.
Une crainte d’autant plus justifiée que, mi-mai, le Conseil de l’Union européenne a adopté un pacte sur la migration et l’asile qui durcit considérablement le contrôle de l’immigration.
A l’annonce de cette adoption, France Terre d’Asile prévenait : « Tandis que certains gouvernements proposent déjà d’aller plus loin dans le durcissement des politiques migratoires européennes et leur externalisation, les Etats membres doivent au contraire garantir la protection des personnes et de leurs droits dans la mise en œuvre des textes et préserver l’effectivité du droit d’asile ».
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