Le HCR dénonce une Europe dans le « déni » face au flux de réfugiés

 Le HCR dénonce une Europe dans le « déni » face au flux de réfugiés

Demandeurs d’asile dans un camp du sud tunisien dans l’attente d’une éventuelle réinstallation dans un pays d’Europe ou d’Amérique du Nord


L'Europe s'enferme dans « une situation de déni » face à l'arrivée massive de migrants, qui fuient pour beaucoup des zones de guerre et de violences, a dénoncé jeudi le Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le Portugais Antonio Guterres.


 


Les migrants : une manne pour l’économie tunisienne


Au lieu de gérer cet afflux en fonction des besoins des sociétés européennes, « nous sommes dans une situation de déni », a-t-il dit dans un entretien avec l'AFP au siège du HCR à Genève. « Ceux qui profitent de cette situation sont les passeurs et les trafiquants », a-t-il souligné.


Pointant certains phénomènes comme la faiblesse des taux de fécondité en Europe et la pénurie de main-d'oeuvre dans certains secteurs, M. Guterres a estimé que « les migrations offrent une partie de la solution aux maux européens ». Il appelle en conséquence à une réponse européenne à la crise des migrants, « puisqu’aucun pays ne peut le régler tout seul ».


À cet égard, tous les pays ne se valent pas dans leur traitement du problème, a-t-il par ailleurs remarqué : « Force est de constater qu'en Europe, certains pays font un excellent travail, tandis que d'autres ne font pas le leur ». M. Guterres a ainsi vanté les systèmes de gestion de demandes d'asile en Suède et en Allemagne. Raison pour laquelle, selon lui, environ la moitié de ces demandes sont faites dans ces deux pays.


 


Discrimination religieuse à la réinstallation de réfugiés


Au contraire, certains États, notamment en Europe de l'Est, ne se sont pas montrés à la hauteur de la tâche, a-t-il jugé, condamnant en particulier la décision de la Slovaquie annoncée jeudi d'accepter 200 réfugiés, mais seulement s'ils étaient chrétiens. « La relocalisation est une chose qui doit être décidée en fonction de la vulnérabilité (des demandeurs), sans aucune forme de discrimination religieuse », a-t-il insisté.


Ce type d'attitude constitue à ses yeux une réaction « plus émotionnelle que rationnelle », qui n'empêchera pas le fait qu'il faille s'attendre à ce que d’autres pays imitent cette attitude « dans un futur proche ».


 


Sommet européen sur la migration


Les propos du patron du HCR font écho en France au violent débat estival sur la question des migrants. La gestion de quelques centaines de sans abri à Paris et d’environ 3000 personnes dans la région de Calais avait déchainé les passions et provoqué des déclarations xénophobes de la part de responsables politiques de droite et d’extrême droite.


Une réunion européenne sur la crise migratoire sera organisée « à la mi-octobre » à Paris avec les ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères, qui sera suivie d'une réunion à Berlin, a indiqué jeudi à Berlin le ministre français de l'Intérieur Benard Cazeneuve. Cette réunion aura pour but de préparer le sommet européen de La Valette en novembre, consacré à la coopération avec les pays africains.


Rached Cherif


(Avec AFP)