La procédure d’asile s’est allongée malgré la nouvelle loi
La loi « asile et immigration » n’a, jusqu’ici, pas permis l’amélioration du premier accueil des migrants, il s’est même dégradé selon certaines organisations.
Parcours du combattant
Une dizaine d’associations de soutien aux migrants, dont Dom’Asile, le Gisti ou encore le Groupe Accueil et Solidarité, ont interpellé le juge du Tribunal administratif de Paris concernant les difficultés d’accès à la demande d’asile.
Avec le loi Asile-Immigration, publiée au journal officiel début septembre dernier, un des objectifs était de réduire la durée du traitement de la demande d’asile à 6 mois en moyenne, notamment en réduisant de 120 à 90 jours le délai pour déposer une demande après l’entrée en France. Dans le faits, aucune amélioration n’est constatée, bien au contraire selon certaines organisations.
Allo ?
Pour permettre un enregistrement rapide de la demande d’asile et respecter le délai légal de 3 jours, Un numéro de téléphone a été mis en place pour permettre au demandeur d’obtenir un rendez-vous par SMS auprès de la SPADA, la plateforme d’accueil pour demandeurs d’asile. Ceci afin d’obtenir une convocation papier pour finalement pouvoir déposer sa demande au guichet unique des demandeurs d’asile.
A ce chemin rendu tortueux par la multiplication des intervenants, les associations de soutien aux migrants remontent un autre problème : « Il faut appeler des dizaines de fois, et attendre plus d’une demi-heure, avant de pouvoir entendre un agent de l’OFII au bout du fil. Autre élément incompréhensible, ce numéro est un numéro payant ». Deux réels inconvénients pour des demandeurs d’asile qui arrivent souvent totalement démunis et qui ont désormais moins de temps pour déposer leur demande d’asile.
CAES saturés
L’autre solution pour déposer une demande d’asile est le centre d’accueil et d’examen de situation (CAES). Selon les associations, ces derniers sont déjà saturés et leur accès très compliqué : « Pour y avoir accès, il faut au préalable être passé par des centres d’accueil de jour parisiens, eux-mêmes saturés ».
Il y a exactement un an (février 2018), lors des balbutiements de l’écriture de cette loi Asile-immigration, France Terre d’Asile était déjà sceptique quant à la généralisation des CAES : « le développement empirique de ce nouveau dispositif, au cas par cas, et sans harmonisation par la loi, risque d’ajouter une nouvelle couche au « mille feuilles de l’accueil » sans répondre aux enjeux posés, s’il ne va pas de pair avec une remise à plat du schéma de premier accueil et d’accès à la procédure d’asile ».
Les associations de soutien aux migrants demandent au tribunal administratif de Paris « qu’il garantisse un véritable accès à la demande d’asile pour tous et toutes, dans le délai légal de 3 jours ».