La politique européenne de tri des migrants inquiète les associations

Pour la sortie de son rapport « Frontières européennes. Défense d’entrer ? », la Cimade a tenu une conférence de presse ce matin, le jeudi 2 juin. L’occasion pour l’association de dresser un constat sans appel : l’Union européenne intensifie sa logique de répression envers les migrants.

« Morts, murs, tri et troc, jusqu’où ira la démission morale d’une Europe en crise ? » s’interroge les auteurs de cette enquête. Il s’agit d’un travail conjoint, effectué, entre autres, avec ARCI, association italienne, ainsi que le Gadem, association marocaine d’aide aux migrants. Et ce sur plus d’un an dans trois lieux symptomatiques : Calais, Ceuta et Melilla et Pozzallo en Sicile. Tous les observateurs de terrain s’accordent pour dire que le niveau d’intensification des mesures de lutte contre l’immigration, au niveau européen, est plus qu’inquiétant.

« Les Noirs ne passent pas »

Et l’objet de ce cri d’alarme porte essentiellement sur « l’européanisation de l’approche hotspot, ce tri aux frontières effectué entre les réfugiés et les migrants », détaille Eva Ottavy de la Cimade. « Les Noirs ne peuvent pas passer les frontières marocaines », explique Stéphane Julinet du Gadem, « Les Syriens parviennent à passer parce qu’ils se fondent mieux dans la population ».

Sévère régression du droit d’asile

Pour Sara Prestiani, de l’association ARCI, le pire est à venir si l’on se penche sur les intentions du gouvernement italien : « notre ministre de l’Intérieur envisage des hotspots flottants, ce qui correspondrait à un tri effectué depuis les bâteaux des migrants dans des centres d’enfermement présentés comme une réponse à la « crise » alors qu’ils ne sont en réalité qu’une nouvelle forme de mise à l’écart des migrants », précise-t-elle. De quoi faire craindre de sévères régressions du droit d’asile qui s’annoncent pour les mois à venir.

Chloé Juhel