L’Unicef en campagne contre l’enfermement des enfants
L'Unicef lance une grande campagne pour dénoncer l'enfermement des enfants étrangers en France.
La Moselle dans le collimateur
« Le nombre d'enfants enfermés a été multiplié par cinq de 2013 à 2018 ! » rappelle l'Unicef qui vient de lancer une campagne « #Vousavezlaclé (On n'enferme pas un enfant) ».
L'an dernier, ce ne sont pas moins de 208 enfants qui ont été placés en rétention en France métropolitaine « en raison du statut migratoire de leurs parents ».
Pour dénoncer cette pratique illégale l'Unicef a décidé de commencer par s'attaquer au département français qui enferme le plus, la Moselle : « D'ici le 14 mai, nous rencontrerons le préfet de Moselle. C’est lui qui a enfermé le plus grand nombre d’enfants, l’année dernière (…) C’est une longue campagne qui s’adresse non seulement aux préfets, mais aussi au ministère de l’Intérieur puis aux parlementaires. À chacune de ces étapes, nous aurons besoin de vous à nos côtés pour mettre ces hommes et ces femmes devant leurs responsabilités ».
Traumatisme
Les professionnels s'accordent à dire que l'expérience de l'enfermement est très traumatisante pour un enfant, pouvant même entraîner des états de stress post-traumatique.
Parmi les associations soutenant la campagne de l'Unicef, La Cimade, association de soutien aux personnes réfugiées et migrantes, travaille également sur la question.
Il y a un an, l'association rapportait l’enfermement, au centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot, d’une dizaine d’enfants dont trois étaient âgés de 6 à 12 ans : « La durée de leur enfermement a atteint 9 jours, en violation manifeste des limites posées par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), qui considère ce type de traitement comme étant inhumain et dégradant ». Un an plus tard, cette pratique illégale est toujours d'actualité.
Illégalité
L'an dernier, dans une tribune collective parue dans Libération (18 avril), signée par des intellectuels et des acteurs de la lutte pour un accueil digne des migrants se sont indignés, une nouvelle fois, de cette pratique qui perdure :
« On enferme les familles pour les avoir « sous la main » et on peut ainsi plus commodément expulser, loin du regard des voisins ou des associations. Le rappel de l’intérêt supérieur de l’enfant n’est inscrit que pour la forme ».
Condamnée à maintes reprises par la CEDH, la France ne semble pas décidée à mettre un terme à ces pratiques.
L'objectif de l'Unicef d'interpeller les préfets afin de les mettre « face à leurs responsabilités » sera-t-elle une pratique plus payantes ? Rien n'est moins sûr…