L’Europe va-t-elle continuer de se renfermer

 L’Europe va-t-elle continuer de se renfermer


Lifeline, Aquarius, pendant que les ONG récupèrent des migrants en mer, les frontières de l’Europe deviennent de plus en plus hermétiques. 


 


Refoulés


Après l’Aquarius (bateau de l’ONG SOS Méditerranée) début juin, c’est le Lifeline qui s’est vue refusé empêché d’accoster en Italie afin de débarquer des migrants naufragés sauvés en mer méditerranée. Un nouvel épisode qui montre clairement les dissensions entre pays européens, mais également l’orientation de la politique concernant l’accueil des migrants : « Plusieurs États, dont la France, ne s’encombrent d’ailleurs plus des conventions internationales et européennes et refoulent quotidiennement des personnes en quête de protection » explique La Cimade.


 


Rapport accablant


À la veille du Conseil européen (28 et 29 juin), dont l’un des enjeux principaux sera de trouver un accord sur la réforme de l’asile, La Cimade publie « Dedans, dehors : une Europe qui s’enferme » un rapport d’enquête et d’analyse sur la situation des personnes exilées aux frontières extérieures et intérieures de l’espace Schengen. Le constat est sans surprise, l’Europe se renferme et le budget pour tenter d’empêcher l’accès au vieux-continent ne cesse d’augmenter.


 


Toujours plus de budget


« La Commission européenne vient d’annoncer le triplement du budget alloué au renforcement des frontières extérieures. Pourtant, ces politiques ne fonctionnent pas » indique La Cimade. L’exemple le plus flagrant est celui de Frontex (agence européenne de garde-côtes et garde-frontières). Depuis sa création en 2006, les budgets qui lui sont alloués ne cessent d’augmenter. En 2016, c’était 246 millions d’euros qui devaient permettre l’efficacité des missions de Frontex. Le premier semestre de la même année, 2859 personnes migrantes sont mortes en mer, soit quasiment le double comparé aux chiffres du premier semestre 2015. Ces dernières années, les navires affrétés par des ONG, dont SOS Méditerranée créé en 2015, ont permis le sauvetage de milliers de migrants.


 


Le retour des « hot spots »


Pour endiguer les nombreuses tentatives de traversées de la méditerranée par des migrants, l’idée très controversée des « hot spots » commence à refaire surface. Déjà l’année dernière, quasiment à la même époque (juillet 2017), Emmanuel Macron annonçait vouloir créer des « hot spots » en Libye afin de « trier » les candidats à l’asile en France. À l’époque, le président français n’avait pas été soutenu pour les États européens, qu’en sera-t-il cette année ?


Tous les indicateurs montrent un réel repli sur soi des nations européennes. Le conseil européen sera scruté de prêt alors que, au niveau national, le Sénat adoptait hier le décrié projet de loi « Asile et immigration ».


Charly Célinain