L’Europe toujours en ordre dispersé
Le flux migratoire historique en provenance d’Afrique et du Moyen-Orient continue de miner l’unité européenne. Si l’Europe est d’accord pour renforcer ses frontières, elle ne parvient cependant pas à s’accorder sur la manière et sur la répartition des centaines de milliers de demandeurs d’asile arrivés depuis le début de l’année.
Paralysie du système actuel
La question migratoire est une nouvelle fois au cœur du round de discussions qui s’ouvre entre les États membres. Dans le fond, les lignes européennes pourraient évoluer sensiblement, la chancelière allemande ayant plaidé pour un aménagement du processus de Dublin en vertu duquel les réfugiés arrivant dans l'UE doivent demander l'asile dans le premier pays qu'ils foulent. Jugé « obsolète » par Mme Merkel, le règlement européen de Dublin a déjà été suspendu pour certains pays comme la Grèce, vers laquelle les migrants contrôlés dans d’autres pays ne sont plus renvoyés depuis plusieurs mois faute de capacités d’accueil.
En mer, les Européens sont passés mercredi à une phase supérieure en renforçant les moyens de l’opération navale contre les passeurs de migrants au large de la Libye. Six navires de guerre peuvent désormais arraisonner de force, inspecter, saisir et détruire les embarcations utilisées par les trafiquants, dans les eaux internationales dans l’optique de verrouiller la route passant par la Libye. L’élargissement des missions des navires européens au-delà du secours en mer risque de condamner de nombreux migrants à rester en Libye, pays en proie au chaos, ou à emprunter d’autres routes plus longues et donc plus couteuses et dangereuses.
Pour lui donner un visage plus humain, l'opération a été rebaptisée « Sophia », du nom d'une fillette née après le sauvetage d'une embarcation en perdition, en août, par un bâtiment de guerre allemand.
Les pays de l’Est contre l’accueil de plus de migrants
Les pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie) se réunissent à ce propos à partir de jeudi en sommet pour deux jours avec leur homologue croate en Hongrie, à Balatonfured, pour tenter d'harmoniser les positions des États concernés dans l'est et le centre de l'Europe.
D'un côté, la Hongrie a fermé sa frontière avec la Serbie, désormais jalonnée de clôtures et barbelés. Budapest entend rendre étanche « dès que possible » la zone frontalière avec son voisin croate, ce qui a poussé la Commission européenne a lui demandé mardi des « éclaircissements ».
Contrastant avec cette fermeture, l'Allemagne a accueilli ces dernières semaines des centaines de milliers de réfugiés syriens. Toutefois, le président allemand Joachim Gauck a appelé mercredi, lors d'une rencontre avec le président Barack Obama, les États-Unis à s'impliquer pleinement face à la crise migratoire à laquelle l'Europe est confrontée.
Rached Cherif
(Avec AFP)