L’enfermement, outil d’une politique d’expulsion
La politique d’enfermement des migrants en centre de rétention pointée du doigt par plusieurs organisations dans une lettre au ministre de l’Intérieur.
Priorité à l’enfermement ?
Dans une lettre adressée à Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, La Cimade ainsi que 21 associations et organisations de défense des droits des migrants s’indigne de la politique menée par le gouvernement. Pour les associations, cette politique, qui va vers plus d’enfermement est inquiétante : « Le nombre de places en rétention a ainsi augmenté de 25 % depuis début 2018 (+ 480 places) et vous prévoyez la construction de nouveaux CRA. Un tel développement de l’enfermement administratif ne s’était pas produit depuis la politique sécuritaire mise en œuvre par Nicolas Sarkozy ».
Conditions insupportables
Automutilations, émeutes, grèves de la faim, tentatives d’incendie, tentatives de suicide. Ces derniers, les gestes désespérés de migrants enfermés se sont multipliés, et ce, en raison des conditions d’enfermement : « Au cours de ces quinze derniers mois, deux hommes se sont donné la mort (…) Les taux d’occupation des centres de rétention administrative ont explosé, générant une promiscuité et des tensions insupportables ».
Enfermement des mineurs
Les organisations pointent également un phénomène qui gagne de l’ampleur, l’enfermement des mineurs. Le Défenseur des droits, tout comme le Comité des droits de l’enfant des Nations unies ou encore la Cour européenne des droits de l’homme, a dénoncé et condamné cette pratique du gouvernement français. Malgré tout, les organisations dénoncent un enfermement des mineurs de plus en plus important : « En métropole, 208 enfants ont été enfermés, soit 8 fois plus qu’en 2013 (24 % avaient moins de 2 ans, 36 % de 2 à 6 ans et 26 % de 7 à 12 ans). Ce nombre a déjà été dépassé sur les 4 premiers mois de 2019 ». Et jusqu’ici, aucun élément n’indique que le gouvernement compte changer de politique concernant les mineurs étrangers, et plus largement les migrants.