L’Atlas des migrants en Europe : la « solidarité » du Vieux Continent en question
En 2016, plus de 6000 migrants sont morts ou disparus aux portes de l'Europe, portant le chiffre à près de 40 000 pour les 25 dernières années. La politique migratoire européenne mise en question et surtout décryptée, dans la troisième édition de « L'Atlas des migrants en Europe » de Migreurop (paru le 22 novembre, eds Armand Colin). Cartographie, photographies, illustrations ayant notamment pour but de « déconstruire les a priori ».
Cartes et statistiques
S'appuyant sur des statistiques provenant d'organismes bien établis (Eurostat, OCDE, UNHCR…), les cartes et illustrations de l'atlas n'en gardent pas moins un aspect militant que voulait garder l'association Migreurop : « L’écriture (carto)graphique ici retenue est ainsi le fruit d’une subjectivité assumée, seule à même de donner une place à celles et ceux qui sont réduits à des catégories, des flux, ou aux silhouettes sans visage des dispositifs de surveillance ».
Montrer l'humain
Le but est clairement de remettre des visages humains là où, aujourd'hui, la froideur de l'aspect comptable des seuls chiffres a largement pris le pas. Ainsi, les nombreuses photographies présentes dans l'atlas ne sont pas floutées, et ce, à dessein : « élargir la palette des émotions (…) et éviter que l’évidence de leur souffrance n’occulte ce à quoi tiennent plus que tout les hommes et les femmes exilés: leurs capacités d’agir et de se construire une vie nouvelle ».
Souffrance et violence
« L'Atlas des migrants en Europe » est composé de cinq parties, déclinant des analyses des différents stades du parcours migratoire, mais aussi la violence de la politique migratoire et comment trouver des solutions pour les migrants. Confinement des étrangers, externalisation des contrôles migratoires, militarisation des frontières européennes, des solutions empreintes d'une certaine violence découlant directement des discours politiques qui le sont tout autant.
Solidarité ?
Dans l'arsenal des recours de l'Union Européenne pour « protéger » ses frontières, Migreurop dénonce la décision de la Cour de justice de l’UE du 6 mars 2017, autorisant « les États européens à refuser la délivrance d’un visa humanitaire aux personnes qui veulent demander l’asile ». Une décision de plus poussant les migrants vers des parcours migratoires plus risqués : « Un tel arsenal pousse nécessairement de nombreux migrants à s’en remettre à des filières mafieuses pour entrer en Europe. Il est le révélateur de l’égoïsme des États et de leur hostilité à la mise en place de politiques de solidarité européenne ».
« L'Atlas des migrants en Europe » se veut un véritable outil de prise de conscience et une sorte de « game changer » pour les années à venir pour que « les cartes de demain donnent à voir des frontières ouvertes et des droits humains respectés ».
CH. Célinain