L’Aquarius perd son pavillon de navigation sous la pression de l’Italie

 L’Aquarius perd son pavillon de navigation sous la pression de l’Italie


Les autorités maritimes du Panama ont annoncé à SOS Méditerranée et Médecins sans Frontières (MSF) avoir été forcées de révoquer l’enregistrement du navire de secours en mer Aquarius. Cette révocation résulte de la pression exercée par le gouvernement italien et transforme le navire humanitaire en « bateau pirate ».


Des pirates tentant de sauver des naufragés en mer et des autorités tentant de l’y empêcher. C’est presque ainsi que la situation pourrait se résumer en Méditerranée centrale. Dans un communiqué, SOS Méditerranée et Médecins sans Frontières accusent Rome d’avoir exercé une « pression économique et politique flagrante » sur le petit État du Panama pour le forcer à retirer son pavillon à l’Aquarius, le navire humanitaire des deux ONG.


« Le message des autorités maritimes du Panama expliquait alors que "malheureusement, il faut qu’il [l’Aquarius] soit exclu de notre registre, car maintenir ce pavillon impliquerait de sérieuses difficultés politiques pour le gouvernement panaméen" », rapporte le texte. De fait, le bateau perdra son pavillon panaméen aussitôt qu’il accostera dans un port. Il ne sera alors plus autorisé à repartir avant d’avoir trouvé un autre pavillon.


Cette décision « condamne des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants en fuite à rejoindre le cimetière marin qu’est devenu la Méditerranée », s’insurgent les humanitaires, alors que l’Aquarius est le seul navire de recherche et de sauvetage non gouvernemental encore présent en Méditerranée centrale. Le gouvernement italien « choisit sciemment de laisser les gens se noyer en mer Méditerranée, et cherche à se débarrasser des derniers témoins de ces naufrages », accusent-ils.


Actuellement en mer avec 58 rescapés secourus au large de la Libye à son bord, le navire se voit reprocher le non-respect des « procédures juridiques internationales concernant les migrants et les réfugiés », ont averti les autorités panaméennes. L’équipage de l’Aquarius, qui opère sous la coordination du MRCC de Rome a en effet refusé le 20 septembre de transborder des migrants sur le bateau des garde-côtes libyens et de les renvoyer ainsi dans un pays qui ne garantit pas leur sécurité.


Les deux organisations somment les autres pays européens de lui permettre de continuer à travailler en « intercédant auprès des autorités panaméennes (…) ou en lui délivrant immédiatement un nouveau pavillon sous lequel naviguer ». Elles rappellent que « Ceux qui tentent la traversée à présent ont trois fois plus de risque de se noyer que ceux qui ont fait le même trajet en 2015 », en raison de l’absence de volonté de leur porter secours.


Rached Cherif


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