78 Européens enfermés en zone d’attente pendant la pandémie

 78 Européens enfermés en zone d’attente pendant la pandémie


En pleine crise sanitaire mondiale, la police aux frontières françaises retient plusieurs dizaines de ressortissants européens dans la zone d’attente pour personnes en instance (ZAPI) de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle. La plupart ont pourtant des contrats de travail et des attestations de déplacements.


73 ressortissants européens se sont vu refuser l’entrée sur le territoire français à leur débarquement à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle le 5 mai, signale l’Observatoire de l’enfermement des étrangers (OEE). Ces personnes, dont une famille avec un enfant, ont donc été placées en zone d’attente, à l’instar de personnes tentant d’entrer en France de manière irrégulière.


Arrivées le matin à l’aéroport, ces personnes ont été entassées toute la journée, et pour certaines une partie de la nuit, dans deux pièces sans fenêtre d’une quinzaine de mètres carrés chacune. Au cours de la soirée et durant une partie de la nuit, elles ont progressivement été transférées dans le lieu d’hébergement de la zone d’attente de Roissy, la ZAPI 3.


« La plupart ont des contrats de travail avec des attestations de déplacements professionnels national et international », s’étonne le communiqué de l’OEE, dont font notamment partie l’ANAFE, la Ligue des droits de l’Homme et le Syndicat de la magistrature. Il signale d’ailleurs que cinq ressortissants chinois se trouvaient déjà en ZAPI depuis la veille en attente d’être expulsés vers Shanghai et après avoir déjà été renvoyés de Mexico à Paris.


 


Le droit à la santé avant la politique migratoire


Compte tenu de la crise sanitaire actuelle, l’OEE estime que les autorités mettent ces personnes en danger. « L’étage (de la ZAPI) où se trouvent les chambres, les couloirs et les sanitaires et douches n’est pas équipé en gel hydroalcoolique. Les cabines téléphoniques et lieux collectifs ne sont pas désinfectés après chaque usage », s’inquiète l’observatoire. De plus, les occupants ne reçoivent qu’un masque par jour, alors qu’il est recommandé d’en changer toutes les 4 heures.


Le communiqué annonce d’ailleurs que des avocats des barreaux de Bobigny, de Paris et de Pontoise ont saisi le juge des référés du tribunal administratif de Montreuil pour qu’il mette un terme à cette situation inacceptable.


Outre la situation des ZAPI, de nombreuses associations s’inquiètent du danger encouru par les étrangers dans autres lieux de privation de liberté. Ces derniers sont en effet restés activité, même au plus fort de la crise due au covid-19. Les refoulements expulsions continuent d’avoir lieu, au mépris des préconisations de l’OMS quant aux risques d’exportation du virus


« Depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19, l’Observatoire de l’enfermement des étrangers n’a cessé d’alerter sur les risques sanitaires et les atteintes aux droits humains du fait de la privation de liberté en zone d’attente », rappelle le communiqué.


L’OEE renouvelle son appel à fermer les zones d’attente et tous les lieux privatifs de liberté. « La politique migratoire ne saurait prévaloir ni sur l’impératif de protection de la santé, quels que soient le statut et la nationalité des personnes concernées, ni sur le respect des droits fondamentaux », plaide l’Observatoire.