Discrimination, injustice, les migrants de Lesbos indésirables

 Discrimination, injustice, les migrants de Lesbos indésirables

Le Camp Moria sur l’île de Lesbos


Rentrer en Europe est de plus en plus compliqué pour les migrants. Le traitement qu’ont subi 35 d’entre eux sur l’île de Lesbos (Grèce) en est un triste exemple.


Attente


Juillet 2017, Camp Moria sur l’île de Lesbos (Grèce). Une grosse manifestation, contre les conditions inhumaines dans lesquelles sont retenus les migrants, déborde. Les forces de l’ordre la réprime de façon « musclée ». Plus tard dans la journée, après une certaine période suivant les faits. Les policiers grecs vont procéder à des arrestations dans le camp.


35 migrants, issus notamment de Côte d’Ivoire, Sénégal, Ghana ou encore du Nigeria, sont poursuivis pour des faits de violence et d’incendie volontaire. Prétextant la possibilité de fuites, ces derniers attendront en prison jusqu’au procès.


Procès


Le 20 avril 2018, après 10 mois d’enfermement, le procès commence. Afin de s’assurer du respect du droit fondamental et d’un « procès équitable protégé par la Convention européenne des droits de l’Homme », plusieurs associations européennes (Avocats Sans Frontières France, Dutch League for Human Rights, Migreurop…) avaient constitué une délégation d’observation de ce procès. Selon le rapport de cette délégation, les accusés n’ont pas eu les moyens de se défendre correctement.


Trop peu d’interprètes


Six avocats pour 35 migrants. Cinq interprètes en tout, dont un pour vingt francophones. Pour la délégation d’observation « il était évident qu’il n’y aurait pas de traduction instantanée possible ni de traductions individuelles ». Ainsi la délégation estime que les autorités grecques ont « failli à leur obligation de fournir aux accusés une traduction leur permettant de prendre connaissance des documents explicitant les faits qui leur étaient reprochés ».


Incohérences


Toujours selon le rapport de la délégation d’observation, selon les déclarations de certains accusés, ces derniers n’étaient même pas présents lors des faits. Lors du procès, les migrants n’ont pas été questionnés sur ces déclarations, ni sur les violences policières durant les arrestations, qui ont été prouvées, filmées et même diffusées sur les chaînes d’infos locales peu après les faits.


Discrimination ?


Un autre fait a piqué la curiosité de la délégation d’observation. Alors que toutes les preuves indiquaient que des individus de divers origines et nationalités ont pris part à cette manifestation, la délégation pose la question de savoir « pourquoi les policiers sont allés uniquement dans des endroits du camp où ne vivaient que des noirs », avant de continuer « Ceci laisse penser les noirs africains ont été injustement ciblés. Sur les 35 accusés, 34 sont noirs… ».


Plus que l’issue du procès, les associations dénoncent la façon dont a été mené ce procès et « les violations de ce droit fondamental, dans toutes ses composantes, commises lors du procès, en particulier le droit à un interprète, le droit à être jugé dans un délai raisonnable et le droit à l’individualisation de la peine ».