Coronavirus : ces migrants africains à la pointe de la recherche française
Une photo qui en dit long. En visite à l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée infection à Marseille du désormais célèbre Pr Raoult, Emmanuel Macron a pris la pose avec plusieurs jeunes chercheurs de l’établissement juste après leur avoir demandé d’où ils venaient. Mali, Burkina Faso, Algérie, Maroc, Tunisie, Liban : au total, pas moins d’une dizaine de pays dits en développement sont représentés au sein de l’équipe de l’institut.
Emmanuel Macron a visité jeudi l’institut du professeur Didier Raoult, qui prône depuis plusieurs semaines l’usage de la chloroquine contre le coronavirus. Traitement qui suscite un vif débat dans la communauté scientifique, bien au-delà des frontières françaises. Par cette visite, le président de la République a souhaité montrer son intérêt pour toutes les recherches en cours sur le Covid-19, notamment celle du microbiologiste marseillais, pourtant ignorées au départ par les autorités.
Au cours de cette visite, le président a pris le temps d’un échange avec l’équipe de recherche de l’IHU, donnant un aperçu du profil des scientifiques exerçant dans cet établissement renommé. L’équipe apparaît ainsi particulièrement jeune, avec des âges allant de 23 à 30 ans, et surtout aux origines extrêmement diverses.
Illustration du phénomène de fuite des cerveaux
À la question d’Emmanuel Macron « vous venez d’où ? », les réponses fusent et étonnent visiblement le président, comme le montrent les images tournées par la caméra de BFMTV. Ces jeunes chercheurs sont Libanais, Algériens, Centrafricains, Maliens, Sénégalais, Burkinabés, Marocains ou encore Tunisiens.
Dans une vidéo qui est devenue virale, Le Pr Didier Raoult, qui revendique fièrement l'ouverture de son institut aux diplômés des pays du sud, explique d'ailleurs que les meilleurs éléments, "les plus intelligents" qu'il cotoie sont les « Africains et les Arabes ».
Les réponses des étudiants et chercheurs de l'IHU Marseille illustrent s’il en était besoin deux phénomènes assez peu connus en France concernant la migration.
D’une part, une grande partie des permis de travail délivrés à des étrangers en France concernent des professions hautement qualifiées pour lesquelles il y a une pénurie de main d’œuvre. On ne compte plus le nombre d’ingénieurs ou de médecins subsahariens ou maghrébins exerçant dans les hôpitaux français ; le plus souvent dans des conditions de rémunération inférieures à celles de leurs homologues nationaux.
D’autre part, ces flux de jeunes diplômés vers la France et l’Europe en général doivent alerter sur la fuite des cerveaux, qui draine autant de personnels qualifiés en dehors de ces pays dits du sud, qui ont également besoin de compétences pour leur propre développement. Ces jeunes sont en effet attirés par des conditions de vie souvent bien meilleures que dans leur pays d’origine ; pays où certains font aussi face à la déconsidération des pouvoirs publics locaux et à des conditions de travail difficiles.
C’est le cas en Tunisie, où l’Organisation tunisienne des jeunes médecins tire régulièrement la sonnette d’alarme sur la situation de précarité des jeunes diplômés en médecine et sur la détérioration du système de santé, comme l’a illustré la vague de décès de nouveau-nés dans les hôpitaux en 2019.