Centres de rétention : « risques de contamination majeurs »

 Centres de rétention : « risques de contamination majeurs »

Centre de rétention de Vincennes à Paris. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP


Les centres de rétention administrative (CRA), des lieux à risque qui doivent être fermés. C'est en tout cas la position de l'Observatoire de l'Enfermement des Etrangers (OEE).


Requête rejetée


Il y a un mois, l'OEE appelait le gouvernement à fermer les CRA mettant en avant le fait qu'avec « la fermeture des frontières et la mise à l’arrêt du trafic aérien », les expulsions deviennent impossibles et surtout, « ces lieux de privation de liberté sont propices à la propagation rapide du virus ».


Le gouvernement restant sourd à cette demande, le Conseil d’État a été saisi d’une requête en référé liberté par des membres de l'OEE, ainsi que le Conseil national des barreaux (CNB), pour voir ordonner la fermeture des CRA.


Requête rejetée le 27 mars, le Conseil d'Etat donnant raison au ministère de la l'Intérieur qui indiquait qu'il n'y avait « pas de carences dans l’accès aux soins des personnes retenues » et que des instructions ont été données pour « l’observation des mesures d’hygiène et une répartition spatiale de l’occupation à l’intérieur des centres ».


Protection au rabais


Pour les organisations membres de l'OEE, le Conseil d'Etat a, de fait, validé le principe de « protection au rabais pour les étrangers ». Dans les CRA, du fait de la promiscuité et des conditions d'hygiène, la distanciation sociale ne peut être mise en place. De plus, toujours selon l'OEE, « ni les retenus, ni les personnels de service, ni les effectifs de police ne sont dotés de masques et de produits désinfectants ». Et enfin les organisations affirment qu'il existe des cas confirmés de retenus, contaminés au Covid-19, « notamment de trois personnes retenues au CRA de Vincennes, dont une depuis le 7 mars ».


Risques de contamination majeurs


A l'heure où la France a annoncé que le déconfinement aurait lieu progressivement à partir du 11 mai, les centres de rétention exposent non seulement les retenus, mais aussi toutes les personnes qui sont amenées à y travailler, à des risques de contamination majeures.


Fin mars, l’ADDE (Avocats pour la défense des droits des étrangers), le SAF (Syndicat des avocats de France) et le GISTI saisissaient le juge des référés du tribunal administratif de Paris d’une demande visant à faire fermer le CRA de Vincennes. La décision tombait le 15 avril : « le préfet de police (…) entretient le foyer de contamination qui a été récemment identifié au sein de ce centre, et méconnaît de ce fait les impératifs de santé publique qui s’imposent à lui en vertu de l’état de catastrophe sanitaire mettant en péril la santé de la population ».