Calais : Violents affrontements entre migrants

 Calais : Violents affrontements entre migrants

Calais


A Calais, une violente rixe entre migrants a éclaté jeudi (1er janvier) faisant plusieurs blessés dont certains gravement touchés. Christian Salomé, président de l'Auberge des migrants, pointe la responsabilité du gouvernement. Interview. 


LCDL : Comment expliquer ces violents affrontements entre migrants ?


Christian Salomé : Il y a une forme de violence importante envers les exilés, en détruisant les abris, en prenant les tentes, les duvets, les couvertures, les bâches de façon à ce que ces gens ne puissent pas fabriquer d'abris et ne puissent pas dormir. C'est ce manque de sommeil et cette impossibilité de s'abriter des intempéries, la nuit dernière il faisait 3 degrés avec de la pluie, c'est ça qui crée une énorme tension chez les exilés. Ce qui fait qu'après, au moindre prétexte, ça explose. Quelque part la responsabilité du gouvernement est engagée, dans la mesure où le fait d'obliger des gens à vivre dans ces conditions, il est évident que ça va générer de la violence.


Le fait qu'Emmanuel Macron se soit exprimé à Calais le mois dernier contre les abus policiers n'a-t-il rien changé ?


L'idée du gouvernement c'est qu'il ne veut pas que se reconstitue un bidonville, donc, dès que la moindre tente est plantée quelque part, on la détruit. C'est cet aspect qui est considéré comme normal par le gouvernement et qui, évidemment, est très difficile à vivre pour les gens qui sont à la rue. Mais le gouvernement ne considère pas cela comme de la violence. 


Quelles solutions pourraient enfin assainir le climat à Calais ?


Au niveau des solutions, c'est très complexe. La solution immédiate serait au moins de laisser ces gens dormir, se reposer un peu. C'est très important d'avoir une période de sommeil. Empêcher les gens de dormir, je me demande si même ça ne peut pas être considéré comme de la torture en temps de guerre. Nous ne sommes évidemment pas en temps de guerre, mais empêcher les gens de dormir c'est très grave et très perturbant psychologiquement.


Le problème de Calais est dû à la fermeture de la frontière. Pas uniquement à Calais, mais aussi à Vintimille, tous les drames en Méditerranée…


C'est exactement le même problème à partir du moment où on ferme une frontière et que les gens ne voient pas d'autre espoir dans leur vie que de la franchir. A Calais c'est pour les gens qui veulent rejoindre leur famille en particulier les mineurs, les blessés, des Erythréens de 16-18 ans sont des mineurs. Pour franchir cette frontière, ils prennent des risques, il y a des morts, des blessés. Il y en a un qui a eu les deux jambes sectionnées. La seule solution, c'est d'ouvrir la frontière ou de faire des couloirs humanitaires. Malheureusement, au niveau mondial comme au niveau local, on en est très loin. On est beaucoup plus sur un repli sur soi et non plus sur une libre circulation des personnes.


Propos recueillis par Charly Célinain