Ahmed, 23 ans, afghan, migrant et « Dubliné »
Nous avions rencontré Ahmed* il y a trois semaines dans le sud de Paris. A l’époque, le jeune Afghan errait depuis un mois dans les rues de la capitale. Avec pour unique bagage un sac à dos, le garçon de 23 ans, s’apprêtait à rejoindre le Midi. Là-bas une famille l’attendait. Retour sur son parcours.
Lorsque l’on aperçoit Ahmed avec ses traits enfantins, vêtu d’un jean et d’un sweat à capuche, surplombé d’un bombers kaki, il est difficile d’imaginer qu’il a fui l’Afghanistan en 2015, menacé par les Talibans. C'est son père qui a organisé son départ. Depuis, plus personne n'a de nouvelle de ce dernier.
Derrière lui, Ahmed a laissé sa mère , deux sœurs et un petit frère de trois ans. Sa famille vit désormais en Iran. Il s’adresse à nous dans un français relativement correct. « J’ai appris la langue en regardant des tutos sur Youtube » sourit-il.
Concernant son arrivée en Europe, il explique : « Je suis passé par la Suède où je suis resté deux ans. Là-bas ma demande d’asile a été rejetée. En mars 2017, j’ai rejoint la France car des amis m’ont dit qu’ici, les Afghans ont plus de chance d’obtenir le statut de réfugié ».
Malheureusement pour lui, ici aussi son dossier a été rejeté. Ahmed est ce qu’on appelle « un dubliné ». Cela signifie que ses empreintes ont été enregistrées dans un autre pays de l’Union européenne et qu’il ne peut pour le moment pas obtenir l’asile en France.
Selon la procédure il aurait dû se présenter à la préfecture, mais il ne l’a pas fait de peur d’être mis dans un avion direction Kaboul. Depuis, aux yeux de l’administration, le jeune homme est considéré en fuite.
Un énième nouveau départ
Cela fait bientôt un mois qu’Ahmed vit dans le Vaucluse. C’est grâce au réseau « hébergeurs solidaires » qu’il a pu être mis en relation avec ses hôtes.
Cinq jours après le premier contact téléphonique il rencontrait la famille. Dans cette nouvelle maison, il y a cinq enfants âgés de 3 à 15 ans. « Ici, tout se passe bien, je suis mieux qu’à Paris» confie-t-il. Effectivement, la situation est bien meilleure. Aujourd’hui il dispose même d’une chambre, rien que pour lui.
Sur le déroulement de ses journées, il explique : « Je ne sors pas trop, il n’y a pas grand-chose à faire dehors. Je préfère rester à la maison, je joue à la console avec les enfants ». Il admet aussi être beaucoup sur son smartphone. Comme tous les jeunes de son âge, il écoute du hip-hop et est adepte des réseaux sociaux.
Lorsqu’on l’interroge sur ses projets il répond « ma priorité, c’est d’améliorer mon français ». Il sait que cela pourra jouer en sa faveur lors de ses futures démarches administratives.
Il lui reste encore 7 mois de « procédure Dublin », après Ahmed pourra redéposer une demande d’asile. En attendant, il doit surtout éviter les contrôles et une expulsion de territoire.
Son avenir, il l’imagine en France. Une fois ses papiers obtenus il espère « faire une formation ou pourquoi pas devenir coiffeur ».
Céline Beaury
*Le prénom a été modifié.