Migrants : un rapport accable la politique de l’UE sur les îles grecques
Un nouveau rapport de Médecins sans frontières (MSF) pointe les effets du système des « hotspots » européens sur la santé des migrants.
Troubles psychologiques
Depuis cinq ans, l’Union européenne (UE) a mis en place un système de « hotspots » sur les îles grecques pour « filtrer » l’arrivée des migrants sur le Vieux continent. Selon un nouveau rapport de MSF, les politiques migratoires européennes, dont celle mise en œuvre sur les îles grecques, ravagent la santé des demandeurs d’asile, réfugiés et des autres personnes migrantes qui y sont bloqués.
En 2019 et 2020, les psychologues de l’ONG ont constaté de graves troubles psychologiques dus aux conditions de vie, les innombrables procédures administratives, la violence, l’insécurité… « Plus de 180 personnes soignées par MSF s’étaient automutilées ou avaient tenté de se suicider. Deux tiers d’entre elles étaient des enfants, la plus jeune n’avait que six ans » rapporte l’ONG.
>> Lire le rapport (en anglais) : « Constructing crisis at Europe’s borders ».
Aide
Plus de 180 000 personnes migrantes sont passées par les îles grecques selon le rapport. Et ce, depuis cinq ans et la signature de l’accord entre l’UE et la Turquie. Ce pays s’engageait à reprendre sur son sol les migrants arrivés en Grèce « n’ayant pas besoin d’une protection internationale ».
Aujourd’hui, MSF appelle l’UE à agir. Pour mettre fin à ce système de « hotspots » surpeuplés aux conditions de vie insalubres. « L’UE et ses États membres doivent mettre fin aux politiques de confinement. Et faire en sorte que les personnes arrivant en Europe aient accès à une aide d’urgence. Ils doivent faciliter l’accès à la protection et à la relocalisation vers un accueil et une intégration sûre à travers l’Europe ». C’est ce qu’a indiqué Reem Mussa, spécialiste MSF de la migration et l’une des auteures du rapport.
Invisibiliser
Depuis l’ouverture des « hotspots », plusieurs organisations dénonçaient de véritables « prisons à ciel ouvert » pour les personnes migrantes. Iorgos Karagiannis, chef de mission MSF, va dans le même sens et n’est pas optimiste pour l’avenir dans ces « hotspots » :
« Il est choquant de constater que le hotspot de Mória sur l’île de Lesbos sert désormais de modèle pour un nouveau centre de type carcéral à Samos. Ce dernier, situé dans une zone isolée et exposée de l’île, accueillera des personnes dans des conteneurs. Ceux-ci sont entourés de fils barbelés, avec des entrées et sorties contrôlées (…). Cela rendra encore plus invisible la souffrance des personnes piégées sur les îles grecques ».
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