M’Hamid El Ghizlane a vibré au rythme du Festival International des Nomades

Pendant quatre jours, le désert marocain s’est mué en scène ouverte à la diversité, au dialogue et à la créativité artistique
Du 10 au 13 avril 2025, le petit village de M’Hamid El Ghizlane, niché aux confins de la vallée du Drâa, a une nouvelle fois été le théâtre d’un événement culturel d’envergure : la 20e édition du Festival International des Nomades.
Créé en 2004, le Festival International des Nomades est devenu au fil des années une référence incontournable dans le paysage culturel du sud marocain. Pour cette édition anniversaire, l’association Nomades du Monde a su réunir une programmation riche, mêlant traditions et modernité. Le patrimoine matériel et immatériel des tribus nomades a été mis à l’honneur à travers des expositions d’artisanat (tissage, broderie, calligraphie), des démonstrations culinaires, des contes, des danses et des musiques du désert.
Pendant quatre jours, le désert marocain s’est mué en scène ouverte à la diversité, au dialogue et à la créativité. Sur scène, des artistes locaux, nationaux et internationaux se sont succédé, offrant au public une mosaïque de sonorités, du gnaoua aux musiques touarègues, en passant par des fusions plus contemporaines. Parmi les moments forts de cette édition, on retiendra les concerts en plein air de l’artiste saharienne Aziza Brahim, du groupe malien Tartit, ou encore des jeunes talents de la scène marocaine émergente.
Des spectacles de danse traditionnelle, des veillées poétiques sous les étoiles et un hommage aux anciens poètes nomades ont également rythmé les soirées du festival, plongeant les spectateurs dans une immersion sensorielle au cœur du désert.
Un carrefour de savoirs et d’échanges
Mais le festival ne s’est pas limité à la seule expression artistique. Il a également été un espace de réflexion et de dialogue. Tables rondes, conférences et ateliers ont permis d’aborder des thématiques aussi variées que le nomadisme, l’environnement, la santé, l’agriculture, l’éducation ou encore les mutations économiques dans les zones désertiques.
Des chercheurs, des militants associatifs, des enseignants et des habitants de la région ont partagé leurs savoirs, leurs expériences et leurs préoccupations, dans un esprit d’ouverture et de co-construction. Ce volet intellectuel a renforcé la portée citoyenne du festival, qui se veut à la fois festif et engagé.
Le sport et les traditions en mouvement
Parmi les moments les plus attendus, la course de dromadaires – dite ellaz – et la démonstration de hockey nomade ont rassemblé petits et grands dans une ambiance joyeuse. Ces compétitions sportives, bien ancrées dans la culture locale, ont contribué à faire revivre les gestes du quotidien nomade tout en suscitant l’intérêt des visiteurs marocains et étrangers.
Quant à la gastronomie du désert, elle a été célébrée à travers la préparation du pain de sable, ou mella, une technique ancestrale de cuisson directement dans les braises sous le sable, qui a intrigué et séduit de nombreux festivaliers.
Un impact durable pour les communautés locales
Au-delà de l’événement culturel, le Festival des Nomades a généré des retombées économiques et sociales tangibles. Il a permis de créer des emplois temporaires, de dynamiser l’artisanat local, et d’offrir une vitrine précieuse aux jeunes talents de la région. Des espaces de formation et de partage ont vu le jour, favorisant l’autonomie des acteurs locaux et renforçant le tissu social.
Pour les habitants de M’Hamid El Ghizlane, ce festival est plus qu’un rendez-vous annuel : c’est un moteur de développement et une source de fierté collective. Il contribue à préserver un mode de vie menacé par la sédentarisation et le changement climatique, tout en le projetant dans une dynamique contemporaine.
Une 20e édition symbolique
Cette édition anniversaire a été marquée par une forte affluence et une programmation plus ambitieuse que jamais. Elle a rappelé combien l’ingéniosité, la solidarité et la générosité restaient les piliers de cette culture millénaire, que l’association Nomades du Monde s’emploie à faire vivre depuis deux décennies.
À M’Hamid El Ghizlane, le désert n’est pas qu’un décor : il est mémoire vivante, théâtre de rencontres et de métissages, et berceau d’une culture en perpétuelle réinvention.
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