Mehdi Benmakhlouf : Au coeur de la police municipale de Marseille
Entachée d’une réputation qui la précède, la ville de Marseille se donne pourtant les moyens de combattre la criminalité. Dans deux documentaires, « Enquête sous haute tension », réalisés par le journaliste grand reporter Rabah Aït-Hamadouche et diffusés ce soir et le 31 mars sur C8, on en apprend un peu plus sur le quotidien de la police municipale de la ville phocéenne. Parmi les héros du documentaire, on retrouve Mehdi Benmakhlouf, un Marseillais fier de sa ville, qui nous raconte son parcours.
20 ans de police municipale et une ambition de faire régner l’ordre toujours intacte. Le natif du quartier populaire de Noailles, « enfant du terroir » du centre-ville de Marseille vient à ce corps de métier par le sport. « A l’âge de 12 ans, je commence à pratiquer les arts martiaux dans un dojo, nous explique Mehdi Benmakhlouf. J’ai appris à combattre des plus grands que moi et à concourir en compétition. Plusieurs pratiquants de ces sports étaient policiers, gendarmes ou douaniers. Ils m’expliquent leurs métiers et l’un d’entre eux m’incite à passer le concours. »
A 18 ans, après un cursus classique, il réussit le concours de la police municipale. Débute alors une carrière de 20 ans au sein de cet organe qui gère une criminalité difficile dans la ville phocéenne. « Je n’ai jamais changé de ligne de conduite depuis mes débuts. Notre rôle est de faire de la prévention mais elle ne peut pas suffire. Il faut de la répression aussi. L’un ne va pas sans l’autre. Les deux sont complémentaires dans notre métier. »
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Une criminalité plus jeune et plus violente
Souvent pointée du doigt, Marseille n’est pas pour autant la « ville de tous les dangers » en Europe, comme l’a déclaré un sondage farfelu américain. En effet, selon un classement du site Ville-Data, c’est bien Paris qui arrive en tête en 2019 avec plus de 314 000 crimes et délits recensés pour 2,2 millions d’habitants en 2019. Un quart de ces infractions sont d’ailleurs des vols dans les lieux publics. De son côté, Marseille n’arrive qu’à la cinquième position avec 155 948 crimes et délits pour une population de 1 996 351 habitants. Une part importante de ces crimes sont souvent des Atteintes aux biens (AAB) qui comprennent les cambriolages et les vols.
Sur ce volet, Mehdi est conscient de la mission qui lui échoit à lui et à ses collègues de la police municipale. Il ne comprend pas le faux procès fait à sa ville. « Pour moi, on a l’une des plus belles villes de France. On allie la mer, la montagne et la ville. C’est un port cosmopolite avec tellement de richesses. Le souci, c’est que la criminalité a évolué. On a affaire pour la grande délinquance à des personnes plus jeunes. On passe alors sur des règlements de compte liés au trafic de stupéfiants. Pour la petite délinquance, c’est la violence qui la détermine. On peut trouver pour des vols à l’arrachée ou des coups de couteaux, des mineurs de 14-15 ans. »
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Un décalage entre la réalité du terrain et l’image renvoyée
En 20 ans, il a pu observer l’évolution sur le terrain et la manière dont la police municipale opère. « Au niveau des interventions, on fait beaucoup plus attention, comme le rappelle Mehdi Benmakhlouf. On est plus sur nos gardes. On va se prémunir au niveau des enquêteurs. Des fois, on peut nous prendre pour « des cowboys » mais notre réalité est que l’on peut tomber à tout moment sur des personnes armées de couteaux, de machettes ou d’armes à feu. Ce n’est hélas pas l’exception. »
Sur le volet des violences policières, Mehdi Benmakhlouf n’élude pas la question. Pour lui, il faut voir la police municipale dans son ensemble et pas les cas particuliers. « Les médias et les réseaux sociaux mettent plus en avant que par le passé les actes de violences policières. Sur 1000 interventions, il y en peut-être une dizaine qui peuvent déraper. Si je mets au sol un délinquant qui ne veut pas lâcher son arme, on ne voit que la fin et pas les prémisses de l’intervention. Il peut y avoir des brebis galeuses mais on ne peut pas pour une toute petite minorité, mettre tout le monde dans le même panier. »
Pour le membre de la police municipale de Marseille, la solution passe par une relation de proximité avec la population. Pour lui, la base du métier réside dans le dialogue. « Il faut savoir que dans nos quartiers, il y a un vrai vivier de gens formidables. Certains s’en sortent, d’autres pas. Quelque soit le coin de Marseille, je sais comment parler aux jeunes. Le meilleur des policiers est celui qui s’adapte à la situation et à l’environnement dans lequel il est. »
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Un ancrage territorial qui aide
Fier de sa ville et très attaché à la cité phocéenne, Mehdi Benmakhlouf pense que son ancrage territorial aide beaucoup dans les interventions de police. Connaissant les « codes », les policiers sont ainsi plus en mesure de juger l’atmosphère sécuritaire. Grâce à leurs contacts, ils peuvent ainsi pacifier des situations dangereuses. « A Marseille, on a un tempérament méditerranéen. Il faut s’adapter selon les quartiers. Il faut savoir parler et se faire respecter. Pour y arriver, il faut respecter les autres. Je me considère comme un policier marseillais, un policier Français. Mes origines algériennes peuvent aider mais pas toujours. On peut croiser le regard de certaines personnes mais le plus important est de communiquer et de dialoguer. »
Complémentaire avec la police nationale, la police municipale de Marseille dispose de plusieurs unités (vtt, moto, pédestre, enquêtes, etc.). Mehdi Benmakhlouf est le chef de la brigade de nuit. Une mission qui n’est pas simple et demande du tact et une bonne dose de savoir-faire !