Méditerranée : un décret italien pourrait entraver le sauvetage de migrants
L’Italie cherche-t-elle à ralentir les sauvetages de migrants en Méditerranée ? C’est ce que craignent plusieurs ONG après la signature d’un nouveau décret par le président italien.
« Le gouvernement italien a introduit une nouvelle série de règles pour les navires civils de recherche et de sauvetage, qui entravent les opérations de sauvetage et mettent davantage en danger les personnes en détresse en mer », s’inquiètent plusieurs ONG qui interviennent en Méditerranée centrale pour sauver des personnes migrantes.
A l’origine de cette inquiétude, la signature d’un nouveau décret-loi, par le président italien, lundi dernier (2 janvier). Dans un communiqué, Médecins sans Frontières (MSF), Sea Watch ou encore Open Arms, dénoncent une « énième tentative d’un gouvernement européen d’entraver l’assistance aux personnes en détresse en mer ».
Ralentir
Qu’est-ce que ce nouveau décret va changer ? Selon les ONG, les navires de secours civils devront désormais se rendre en Italie, dans un port de débarquement sûr, après chaque sauvetage. Or, en pratique, aujourd’hui les navires effectuent plusieurs sauvetages avant de débarquer les rescapés. Deuxième changement significatif, les organisations craignent que les autorités italiennes désignent « plus fréquemment des ports de débarquement plus éloignés ». Une entrave délibérée à l’action des navires de secours civils pour les ONG : « Ces deux facteurs ont pour but de maintenir les navires SAR [Recherche et sauvetage, ndlr] hors de la zone de sauvetage pendant des périodes prolongées et de réduire leur capacité à secourir les personnes en détresse ».
Recueil de données
Outre ces dispositions visant directement l’efficience du sauvetage en mer des navires civils, le décret introduit l’obligation de « recueillir des données à bord des navires de sauvetage, auprès des survivants exprimant leur intention de demander une protection internationale », précise le communiqué.
Une obligation allant à l’encontre de la recommandation de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), indiquant que le partage de ces informations, avec les autorités, doivent avoir lieu une fois les besoins immédiats couverts.
Pour les ONG, le décret-loi italien ne respecte pas le droit maritime international et les droits de l’homme. Elles exhortent la Commission européenne, le Parlement européen et les États membres à réagir en demandant à l’Italie de retirer ce décret.
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