Méditerranée – « Sommet des deux rives » : La patera de Macron

 Méditerranée – « Sommet des deux rives » : La patera de Macron

24 juin 2019 – Marseille – France. Le président français Emmanuel Macron, au Sommet des Deux Rives. THÉO GIACOMETTI / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP

Qui a entendu parler de ce « Sommet des deux rives » ? Pas grand monde et en tout cas pas les principaux intéressés, puisque ce rendez-vous qui devrait finalement se tenir en novembre 2021, à Marseille, est en principe ouvert aux ONG de cinq pays européens et cinq africains avec pour thèmes centraux l’éducation, la culture, l’économie, le climat et la société civile.

 

Aux dernières nouvelles, le Quai d’Orsay s’active pour faire de cet évènement une vitrine pour la politique méditerranéenne de Emmanuel Macron. Et si ça permet de gratter quelques voix auprès des diasporas maghrébines pour les présidentielles, pourquoi pas ?

Interdite aux chefs d’Etat, sauf Emmanuel Macron, bien entendu, la rencontre devrait accoucher de propositions émises par la « jeunesse méditerranéenne », « la société civile » et « les diasporas ».

Comment le président de la république compte-t-il intéresser tout ce beau monde et faire adhérer les Franco-Maghrébins à ce projet vertical ? En confiant le boulot, tout le travail à un collègue de Sciences Po qui est justement lui-même franco-algérien. Karim Amellal, nommé « ambassadeur pour la Méditerranée » l’été dernier.

L’écrivain franco-algérien aura besoin de bien plus que les bénéfices d’une carrière politique sous les couleurs de La République en marche pour éveiller l’âme des relations entre les pays de la Méditerranée.

Ce fils d’un haut fonctionnaire algérien aurait-il toute latitude pour embarquer dans son enthousiasme des binationaux qui voient en toute initiative officielle, une tentative de plus de les déposséder du droit à la différence ?

Comment fera-t-il pour rétablir la confiance entre le colon français et le colonisé algérien ? Possède-t-il cette éponge magique censée effacer les dégâts de l’intervention française en Libye, sous Sarkozy, et la crise maroco-espagnole ?

En tout cas, la fragilité de la démarche fait penser à une patera lancée dans la traversée de la mer. Rien n’est moins sûr que l’arrivée à bon port.