Pour certaines ONG, le « code de conduite » doit être peaufiné
Ces dernières semaines, l'Italie a raffermi son discours concernant la prise en charge des migrants sur ses côtes. Dans le collimateur du gouvernement italien, les ONG dont certaines ont été visées par des enquêtes ces derniers mois. C'est pourquoi, lundi (31 juillet), lors d'une réunion au ministère de l'Intérieur de Rome, les contours d'un « code de conduite » à destination des organisations humanitaires sont devenus plus précis, mais ne conviennent pour l'instant pas à toutes les ONG.
Des modifications avant de signer
Par la voix de la vice-présidente de son réseau européen, Sophie Beau, SOS Méditerranée s'est dite « prête à signer le code de conduite si des modifications sont apportées à des points précis du texte actuel ». Ainsi, l'ONG a proposé trois amendements nécessaires à sa signature de ce « code de conduite » soumis par le gouvernement italien.
Parmi ces trois « amendements », l'un semble vital au sens premier du terme : « garantir que les bateaux humanitaires seront autorisés à réaliser des transferts de rescapés d’un navire à un autre (garde-côtes italiens, navires marchands ou autres bateaux d’ONG), sous la coordination du MRCC (Maritime Rescue Coordination Center) de Rome ».
L'Aquarius, bateau affrété par SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, pratique des missions de sauvetage, principalement en Méditerranée centrale, passage le plus mortel pour les personnes qui quittent l'Afrique pour venir en Europe.
Dans un souci de rester, le plus possible, dans cette zone clé, le transfert de rescapés permet non seulement de mettre ces derniers en sécurité, mais il permet également la poursuite de la mission de sauvetage de l'Aquarius là où il est le plus utile.
Police à bord ?
Autre point important qui empêche pour l'instant la signature de SOS Méditerranée, la clarification des conditions de la présence d'officiers de police dans les bateaux de sauvetage : « SOS Méditerranée souhaite que cette présence ne puisse qu’être temporaire et que les officiers en question ne soient pas armés : cela contreviendrait en effet aux principes humanitaires de neutralité et d’indépendance qui régissent l’association. De plus, l’ONG exige qu’il soit spécifié que les officiers de police n’interféreront pas dans ses missions humanitaires ».
Accepter d'accueillir un officier de police à bord du navire de sauvetage, permettrait de tranquilliser le gouvernement italien quant à certains soupçons de ce dernier à l'encontre de certaines ONG qui, dans le cadre de leur mission de sauvetage, auraient eu des « comportements favorisant l'immigration illégale ». Ce point risque donc d'être un point-clé, autant pour les ONG que pour le gouvernement italien.
Reste à espérer, pour les migrants, que l'Italie entendra les remarques de SOS Méditerranée afin de façonner un « code de conduite » susceptible de convenir aux différentes parties impliquées.
CH. Célinain