Méditerranée : les lois italiennes contraignent MSF à arrêter ses opérations de sauvetage
Médecins sans Frontières (MSF) arrête les opérations de sauvetage de migrants en mer Méditerranée. Les lois italiennes ont finalement eu raison de leur détermination.
Le Geo Barents ne reprendra pas la mer. Le navire affrété par Médecins sans Frontières (MSF) pour sauver des migrants tentant la traversée de la Méditerranée, ne fera plus d’opérations de recherche et de sauvetage. « Les lois et politiques italiennes ont rendu impossible la poursuite de ses opérations selon les modalités actuelles » annonçait vendredi (13 décembre) l’ONG dans un communiqué.
Depuis l’entrée en vigueur du décret Piantedosi, début 2023, les conditions de sauvetage s’étaient considérablement compliquées pour les navires de sauvetage en mer Méditerranée.
Ce décret oblige les navires de sauvetage des ONG à se rendre « sans délai » au port de débarquement assigné par les autorités italiennes, juste après un premier sauvetage, sous peine d’immobilisation.
Capacité sous utilisée
« Depuis l’entrée en vigueur du décret Piantedosi, le Geo Barents a passé la moitié de l’année à faire des allers-retours vers des ports éloignés, au lieu de porter assistance aux personnes en détresse » regrettait MSF dans son communiqué.
En deux ans, le Geo Barents a été sanctionné quatre fois par les autorités italiennes, se voyant ainsi imposer un total de 160 jours d’immobilisation au port. Et quand le navire est autorisé à aller sauver des vies en mer, les règles italiennes réduisent significativement leur efficacité.
En juin 2023, le navire de MSF, d’une capacité de 600 personnes, a reçu l’ordre, de la part des autorités italiennes, de se rendre dans le nord de l’Italie, soit une navigation de plus de 1 000 kilomètres, pour débarquer 13 rescapés.
« La capacité de sauvetage des navires humanitaires est largement sous-utilisée et activement sapée par les autorités italiennes » expliquait Juan Matias Gil, représentant de MSF pour les opérations de recherche et de sauvetage.
Nouvelle loi, nouvelles sanctions
Outre le décret Piantedosi, le sénat italien a approuvé, début décembre, un nouveau « décret sur les flux ». Ce dernier alourdit les sanctions déjà prévues dans le décret Piantedosi.
Suite à l’approbation du nouveau décret, plusieurs ONG opérant en mer Méditerranée dénonçaient « une nouvelle loi nuisible, propagandiste et inhumaine, ainsi que d’une illégitimité flagrante ».
Elles accusaient notamment le gouvernement italien de continuer « d’essayer de contourner le droit international par des lois, des décrets, des règlements et des pratiques administratives ordinaires ».
Autant de nouveaux éléments ayant poussé MSF à arrêter le sauvetage en mer temporairement. L’ONG réfléchit d’ores et déjà « à la meilleure façon de s’adapter à ce contexte difficile et s’engage à poursuivre des activités de recherche et de sauvetage ».
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