Méditerranée : les autorités italiennes immobilisent (encore) un navire humanitaire
Les autorités italiennes retiennent à quai le navire de recherche et de sauvetage Geo Barents. L’équipage conteste l’accusation de violation des règles de sécurité maritime, jugée injustifiée.
60 jours de détention émis à l’encontre du Geo Barents par les autorités italiennes (26 août). Celles-ci reprochent au navire de recherche et de sauvetage, affrété par Médecins sans frontières (MSF), de ne pas avoir contacté assez rapidement le Centre de coordination des secours maritimes italien (MRCC) lors d’une série de sauvetages en mer Méditerranée, et ainsi, d’avoir mis la vie de personnes en danger.
Riccardo Gatti, chef de l’équipe de recherche et de sauvetage de MSF, s’en défend et explique que la priorité a été donnée au sauvetage des personnes, dans des conditions extrêmes :
« C’était au milieu de la nuit. Nous avons vu des gens sauter d’un bateau en détresse, tomber ou être poussés dans l’eau. Nos équipes n’avaient pas d’autre choix que d’aller chercher les gens et de les sortir de l’eau le plus rapidement possible ».
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Garde-côtes libyens
Dans la mise en œuvre de sa politique migratoire en Méditerranée, l’Union européenne collabore avec les garde-côtes libyens pour empêcher les départs de personnes migrantes, ou les ramener en Libye.
Or, selon l’ONG, les accusations des autorités italiennes s’appuient sur des informations remontées par ces garde-côtes. Ceux-ci sont pourtant loin d’être exempts de tout reproche, estime Juan Matias Gil, représentant de MSF pour les opérations de recherche et de sauvetage :
« Les garde-côtes libyens soutenus par l’UE, que les autorités italiennes considèrent comme un acteur fiable, ont été accusés par les Nations Unies de (…) collusion avec des passeurs et des trafiquants et d’être responsables de violents refoulements en mer ».
Recours
« Nous allons donc contester cette détention illégale par les voies légales appropriées », prévient Juan Matias Gil. MSF affirme également vouloir demander à l’UE de « suspendre tout soutien matériel et financier aux garde-côtes libyens et aux autorités qui ont un lourd passif en matière de violations des droits de l’homme ».
Depuis l’entrée en vigueur du décret-loi italien dit « décret Piantedosi » début 2023, c’est déjà la vingt-troisième fois qu’un navire de sauvetage humanitaire est immobilisé. Et la tendance pourrait se confirmer.
Selon les chiffres du ministère italien de l’Intérieur, du 1er janvier au 27 août 2024, les arrivées clandestines ont enregistré une chute de 65 % par rapport à l’année précédente, sur la même période.
Des chiffres dont se félicitent la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni et son ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi. Des résultats validant la stratégie d’accord entre l’UE et les pays de transit, portée par la Première ministre italienne.