Médine : du rap à l’engagement politique

 Médine : du rap à l’engagement politique

Le sulfureux rappeur Médine s’impose de plus en plus comme une figure du militantisme de gauche.

Dans un échange de positions marqué par des provocations et des allégations d’antisémitisme ou d’homophobie d’un côté, et un engagement manifeste contre le racisme et les violences policières de l’autre, le rappeur Médine se profile comme une figure de premier plan dans le militantisme de gauche.

Médiatisé par ses invitations à débattre dans des cadres politiques tels que les universités d’été des partis écologistes et insoumis la semaine prochaine, ce rappeur originaire du Havre a affirmé en mai dernier son « droit à l’erreur » et à la « contradiction », reconnaissant des « errances » lors d’un événement public organisé par Mediapart.

Parmi les controverses, on note ses « quenelles », geste antisémite popularisé par le polémiste Dieudonné, qu’il a réalisées par le passé. Médine, qui arbore une carrure athlétique et une barbe soigneusement entretenue, a exprimé des regrets à ce sujet, affirmant que ce geste avait été mal interprété par des récupérateurs. Plus récemment, il a utilisé un jeu de mots douteux pour qualifier Rachel Khan, essayiste franco-gambienne d’origine juive et petite-fille de déporté. Face à une vive indignation de la majorité politique, le rappeur a présenté des excuses et a assuré que ce jeu de mots controversé ne visait ni sa famille ni les victimes de la Shoah.

Ses partisans rappellent, pour leur part, qu’en 2008, il qualifiait l’antisémitisme de « cancer à combattre, comme l’islamophobie » dans l’une de ses chansons. Marie Sonnette-Manouguian, sociologue et spécialiste de l’engagement politique dans le rap, souligne que la provocation n’est pas un domaine exclusif de Médine, mais plutôt une caractéristique du rap en général. Elle explique que le contexte a évolué et que Médine en est conscient : « Les provocations qu’il utilisait au début des années 2010 ne sont plus acceptables aujourd’hui. »

 

Un rappeur engagé

Sur la question de l’homophobie, Alma Dufour, députée de La France insoumise (LFI) de Seine-Maritime, rappelle qu’en 2013, Médine avait déclaré que bien que le mariage gay ne soit pas compatible avec l’islam, il soutenait l’égalité et que les couples devraient avoir le droit de se marier sans discrimination.

Alma Dufour, qui représente la circonscription de Médine, indique qu’elle est devenue « amie » avec le rappeur après l’avoir rencontré lors d’un piquet de grève devant une raffinerie en Normandie au printemps. Elle loue son engagement social et politique, le décrivant comme l’un des rappeurs qui poussent le plus loin son implication dans ces domaines.

L’année dernière, lors de la campagne présidentielle, Médine Zaouich, son vrai nom, a soutenu Jean-Luc Mélenchon. Alma Dufour note que ce type d’engagement est crucial pour lutter contre l’abstention, en particulier parmi la jeunesse et dans les quartiers populaires. Médine a également exprimé son soutien à Emmanuel Macron face à Marine Le Pen au second tour des élections présidentielles.

 

Invité des universités d’été d’EELV et de LFI

Dans ses interviews, le rappeur affirme vouloir lutter contre les mécanismes d’oppression touchant diverses minorités, en utilisant une approche intersectionnelle qui dénonce l’accumulation des discriminations liées au genre, à l’origine ethnique, à l’orientation sexuelle, à la classe sociale et à l’apparence.

Selon Marie Sonnette-Manouguian, Médine porte une parole radicale ancrée dans les valeurs de gauche, appelant à un changement de société pour plus de justice sociale. Cette ligne est cohérente depuis le début de sa carrière. Elle s’est politisée davantage en se rapprochant des mobilisations sociales, des syndicats et des partis politiques. Cette approche s’est matérialisée notamment à travers ses invitations aux universités d’été d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) et de La France insoumise (LFI).

Alors que Marine Tondelier, leader du parti écologiste, défend le « parcours intéressant » de l’artiste, elle promet également une « explication de texte » lors de sa participation aux événements des Verts. De son côté, Alma Dufour estime qu’une telle explication n’est pas nécessaire et que l’essentiel est d’écouter Médine.