Sonia Mabrouk : « Il faut privilégier les débats de fond »
Très impliquée dans le dialogue des cultures, à l’origine de l’Association des musées méconnus de la Méditerranée (AMMed), la journaliste et écrivaine anime des émissions sur Europe 1 et CNews. Elle nous livre sa vision de l’univers médiatique.
MAGAZINE FEVRIER 2018
Qu’est-ce qui vous a conduit au journalisme ?
Je n’avais pas de plan de carrière. J’ai d’abord enseigné la gestion et le commerce international en France et en Tunisie. Mais l’envie d’écrire était toujours prégnante. Conjuguée à mon désir de voyager, l’idée de faire du journalisme est née. Le magazine Jeune Afrique m’a donné ma chance, considérant que la seule expérience qui importait était la curiosité…
Avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), l’accès à l’info est devenu instantané. Quel regard portez-vous sur cette évolution du monde médiatique ?
Il est impossible, voire dangereux, de s’adapter à ces nouvelles formes d’accès à l’actualité, tant l’on est dépassé. Face au flot d’informations qui inondent la Toile, face aux dizaines d’alertes qui envahissent quotidiennement les smartphones, il est essentiel de privilégier les débats de fond, l’analyse, la confrontation des points de vue. Creuser un angle, engager un travail de réflexion, d’éditorialiste, revenir aux fondamentaux de notre métier…
Comment parvenez-vous à maintenir une neutralité et à avoir le recul nécessaire lorsque vous abordez des sujets brûlants ou qui vous touchent ?
La neutralité n’existe pas. Je mets un point d’honneur à recevoir des invités de tous bords politiques, de tous points de vue. J’essaye de respecter un certain équilibre en privilégiant la variété des opinions. Mon questionnement se doit d’être précis, verrouillé.
Quelles sont, pour vous, les qualités essentielles d’un(e) bon(ne) journaliste ?
Il faut d’abord être curieux de tout. Il est aussi essentiel d’accepter la “vraie” variété des opinions, les contradictions. Enfin, il convient d’être cohérent avec soi-même. On ne peut pas jouer un rôle, car la forme rejoint souvent le fond. Certains pensent qu’il faut ajouter de l’agressivité dans le ton pour être efficace lorsqu’on interroge quelqu’un. Je crois, au contraire, que cela porte préjudice à notre métier.
Vous avez travaillé en presse écrite, TV, radio. Quel est le support que vous préférez ?
La radio ! Je me sens bien à la télé aussi, mais l’image est un biais, à mon sens, car il faut veiller à sa gestuelle, à ses expressions. A la radio, il n’y a que la voix, le contact est plus franc et direct, les émotions s’expriment et se transmettent plus aisément.
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