Monia Kashmire, l’électron libre

 Monia Kashmire, l’électron libre

Crédit photo : Delphine Ghosarossian/Sipa pour FTV


MAGAZINE NOVEMBRE 2017


VU A LA TELE : Cette trentenaire a plus d’une corde à son arc et n’a pas fini de diversifier ses activités. Chroniqueuse, journaliste, restauratrice, elle s’apprête à tourner ses premiers documentaires. Rencontre avec une femme qui a le don du mot qui fait mouche. 


"Contrairement aux enfants d’immigrés qui ont grandi à la périphérie des grandes villes, je n’ai pas eu de plafond de verre, explique Monia Kahsmire – un pseudonyme trouvé au magazine Elle, où elle effectue son premier stage. Ma chance, c’est que mes parents se sont installés dans un village du Vaucluse où nous étions les seuls Arabes. Les professeurs n’avaient pas de préjugés. Ils m’ont toujours encouragée, car je faisais partie des meilleurs élèves.” Après plusieurs années dans la presse écrite, la jeune femme, désormais parisienne (elle vit dans un des anciens ateliers de Modigliani), fait ses premières chroniques à la télé. On la voit notamment aux Maternelles (France 5) puis dans On n’est plus des pigeons (France 4).


 


Chez Ardisson, elle incarne un macho


Plus récemment, elle officie aux côtés de Thierry Ardisson. Le 1er octobre, pour sa première apparition dans l’émission Les Terriens du dimanche, sur la chaîne C8, cette trentenaire aborde le harcèlement de rue… et se glisse avec aisance dans la peau d’un macho. Dans le métro, on la voit se coller aux hommes. Attablée avec des copines à la terrasse d’un café, elle interpelle les passants en commentant leur physique. Verdict : “Tous les hommes sans exception se sont sentis agressés par mon attitude. Ils réagissaient comme nous. Mon but était de prouver que les femmes ne vivent pas du tout ces sollicitations comme un compliment comme certains le pensent. Je voulais montrer ce que c’est que de briser l’hymen social”, tranche-t-elle.


Entre deux tournages, Monia Kashmire change de casquette à sa guise, parce qu’elle a besoin d’être “un électron libre” et que le costume de chroniqueuse est parfois “étroit”. Cette lauréate d’un PhD (équivalent du doctorat, ndlr) en littérature postcoloniale décroché à UCL, la plus grosse université de Londres – “celle où a étudié Ghandi” – se consacre à l’un des deux restaurants qu’elle tient avec son mari. “J’ai besoin de faire cuire des frites”, plaisante-t-elle.


Pour elle, tout est possible : “Je n’oublie pas d’où je viens. Je suis née à Zahrouni, le plus gros bidonville de Tunis. A l’âge de 6 ans, je suis arrivée en France, où mon père, dont l’accent est un mix entre Cheb Khaled et Marcel Pagnol, est devenu maçon.”


Des chroniques, des frites… et des films. Elle prépare actuellement deux documentaires pour Arte. Le premier s’intéresse au fantasme de la mauresque. Et pour les besoins du second, elle s’apprête à s’envoler pour le Tadjikistan où elle explorera le rôle des femmes dans un pays déserté par les hommes.


 


Pas une “beurette qui passe sa vie chez Sephora”


Monia Kashmire n’a pas fini d’ajouter des lignes à son CV. Elle a écrit un texte, intitulé “Beurby”. Elle ne sait pas encore si elle en fera un roman ou un one-woman-show. Gageons qu’il lui a été inspiré par ceux qui voudraient la réduire à une “beurette qui passe sa vie chez Sephora”. Ceux-là même à qui elle ne s’adresse jamais avec colère mais avec humour “parce que c’est la meilleure ponctuation” jusqu’à ce que d’eux-mêmes ils s’aperçoivent de leur bévue. 


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