Djamil le Shlag, l’incroyable Mister Vannes

 Djamil le Shlag, l’incroyable Mister Vannes

crédit photo : Christa Evenell


MAGAZINE NOVEMBRE 2017


Entendu à la Radio : Le samedi, il occupe le ring du Théâtre de Dix Heures avec son spectacle “1er Round”. Le mardi, il sert ses punchlines dans l’émission Les Trente Glorieuses sur Radio Nova. Retour sur un parcours empli de liberté. 


Djamil, c’est son vrai prénom. “Le Shlag”, c’est le surnom qu’on lui donnait lorsqu’il était plus jeune, à Vichy, dans son Auvergne natale. Parce qu’il a toujours été un peu à la marge. Un concept que lui et Alexandre Soussi, coauteur de ses textes, ont théorisé : “Nous, on fait l’analogie avec l’autoroute. Tu peux la prendre, ça roule bien. Mais tu as aussi le droit de choisir la route nationale. Le trajet sera peut-être plus long, mais c’est gratuit, et tu peux t’arrêter sur la route pour voir du pays. Et, au final, tu vas quand même arriver à destination.”


 


Un énorme bide qui le fait avancer


Ce concept de Shlag, c’est une idée de liberté. Car à l’âge où la société vous pousse à obtenir un CDI et à prendre un crédit pour un appart’, Djamil, lui, revendique la “shlagance” comme projet de vie personnel. A 34 ans, il réalise un rêve esquissé il y a près de quinze ans, à Meknès, au Maroc, avec ses amis. Autour de la piscine d’un hôtel, il s’adonne à ce qu’il sait faire de mieux : de l’humour. Un attroupement se forme autour lui et il ressent alors ses premiers frissons de scène. Dix ans plus tard, il décide de se lancer. Après avoir voyagé et vécu, il estime qu’il a désormais des choses à dire.


Sa première scène a lieu au Café de Paris, à Ménilmontant. L’humoriste ne prépare pas son passage. Mais les dieux de la vanne sont avec lui ce soir-là, et il fait un carton. La suivante sera, elle, “un bide incroyable”. Dans la salle, pas un rire. “C’était une sensation horrible, j’étais arrivé gonflé, convaincu que j’étais le gars le plus drôle au monde et que je n’avais pas besoin de travailler.” Il y fera un troisième passage, cette fois en ayant bossé un peu plus son sujet. Nouveau bide et premiers doutes.


 


“Tout le monde a envie d’être quelqu’un d’autre”


Et puis, il fait des rencontres heureuses. Gérard Bénard, le propriétaire du théâtre Ze Artist’s, qui lui ouvre les portes de son théâtre en septembre 2014. Puis Yassine Belattar qui l’accueille au Théâtre de Dix Heures et dans le studio de Radio Nova. Il lui confie trois minutes de libre antenne chaque semaine sur la marche du monde. Une “Chronique Incroyable”, parce que l’actualité est en elle-même devenue édifiante. “Donald Trump président, par exemple, c’est ‘incroyable’. Il y a des choses qui se passent dans le monde qu’on finit par accepter, alors que ce n’est pas normal. Cette chronique, c’est une façon d’observer les faits de société et de se poser deux minutes pour se dire que c’est absurde.”


Dans son spectacle, il aborde le rapport hommes-femmes ou le complexe identitaire. Un complexe qui n’est pas réservé aux Français d’origine étrangère. “Tout le monde a envie un jour d’être quelqu’un d’autre. Mais ce qui est important, c’est de parler d’identité sans tomber dans le communautaire”, déclare l’Auvergnat qui prenait le métro pour un manège, l’année où il est arrivé à Paris. “Je faisais des tours de ligne et je parlais aux gens.” A l’image de son personnage de Shlag, Djamil n’a pas aujourd’hui de rêve de grandes scènes. Son seul souhait, c’est de pouvoir continuer à faire rire les gens. 


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