Maroc/UE : Relations tumultueuses

 Maroc/UE : Relations tumultueuses

Échanges fructueux sur le plateau de Medi1tv ce mardi 19 avril 2022 sur le thème brûlant d’actualité « des relations du Maroc avec la France et l’Europe ». Face à Aziz Boucetta, le pilote de l’émission « Le Débrief », Brahim Rachidi, un ténor du barreau casablancais et professeur de droit à l’Université Hassan II de Casablanca ; Mustapha Sehimi, professeur de droit et politologue ; Hassan Alaoui, directeur de publication de Maroc Diplomatique et Mostafa Tossa, journaliste connu des plateaux de télévision français.

Invités à répondre aux questions de Aziz Boucetta lors de l’émission “Le Debrief », un talk-show de la chaîne tangéroise Médi1 TV, les intervenants ont une analyse plus ou moins propre à leur vision de relations souvent tumultueuses, parfois pacifiques et rarement apaisées.

Mais pour une première lecture de cette émission de décryptage de l’actualité politique nationale et internationale, on peut retenir une idée clé résumée par Brahim Rachidi, à savoir que le Maroc est un partenaire essentiel pour l’Europe qui mérite bien plus que ce partenariat « par-dessus la jambe » qui caractérise l’approche européenne des relations entre les deux rives.

En avocat du royaume, Rachidi pense qu’« un pays qui se situe à 14 kilomètres de l’Europe, qui joue un rôle essentiel en matière de maîtrise des flux migratoires, en matière sécuritaire et aussi en matière économique et surtout nous sommes en train d’édifier un Etat démocratique moderne qui n’existe pas dans les autres pays du Maghreb ». Au passage, il se désole que le royaume ne soit pas bien « vendu » par tous ceux  dont, justement, c’est le boulot de le faire.

Pour ce qui est de la perception de l’UE pour le Maghreb ? L’approche de Mustapha Tossa met le point sur le fait que malgré toutes les bonnes volontés du monde, le rêve d’une Méditerranée unie et solidaire dans le co-développement s’est heurté au choc de deux conflits, le conflit israélo-arabe et l’affaire du Sahara entre le Maroc et l’Algérie qui paralysent toujours tout élan. Pour le journaliste la réponse à la question « comment les Européens voient le Maghreb » pâtit justement de la désunion des pays du Maghreb, ces pays montrent l’image de pays solitaires, isolés et donc beaucoup plus fragiles dans la négociation.

J’ajouterai pour ma part, que les réponses à ce débat brûlant d’actualité, devront être décisives dans les mois qui viennent. Non seulement parce que la guerre d’Ukraine remet en jeu le mercato diplomatique précaire mis en place par l’Europe vis-à-vis du Maroc, mais il faut remarquer aussi que le premier tour de l’élection présidentielle française a été suivi de très près dans les capitales du Maghreb, de Rabat à Tunis en passant par Alger.

Si l’issue des présidentielles reste incertaine entre une Marine le Pen qui veut à tout prix en découdre avec les « arabes » du sud et un Macron qui joue au « en même temps », il ne faut pas trop espérer une éventuelle « inflexion » de la diplomatie française vis-à-vis du Maroc. Déjà, la guerre de clans qui a commencé au Quai d’Orsay, la question de la reconduction ou non de l’équipe Afrique du président français suscite d’ores et déjà des interrogations dans les cercles de pouvoir, aussi bien en France que de ce côté-ci de la Méditerranée.

Or seule, une implication équilibrée, à long terme, une connaissance profonde des hommes de part et d’autre, et la prise en compte des intérêts de chaque pays peut profiter à tous. Ce qui n’est malheureusement pas encore le cas.

 

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