Remaniement : Les islamistes à bout de souffle

 Remaniement : Les islamistes à bout de souffle

Le roi du Maroc Mohammed VI et le chef du gouvernement Saâdeddine El Othmani (G). FADEL SENNA / AFP


Annoncé depuis le discours musclé de Mohammed VI, le remaniement met la majorité en ébullition.


« Faites vos jeux. Rien ne va plus » la fièvre du remaniement est à son comble, et le processus pour remanier le gouvernement El Othmani est bel et bien lancé.


A mesure que les clivages se reconstituent, il semble que le coup de balai ministériel pourrait intervenir d'ici la fin du mois de septembre.


L'ambiance de pré-remaniement ministériel est tellement pesante que les intéressés sont convaincus pertinemment que le changement de têtes ne sera pas purement technique, mais plutôt de vaste ampleur, puisque les critiques acerbes du souverain ont été quasiment nominatives et il semble que lui-même est partisan d'un gouvernement restreint.


« On a affaire à un gouvernement par l’absurde. Il faudrait qu’El Othmani garde les bons et vire les franchement mauvais dont la majorité provient justement de sa propre écurie », explique un habitué des cénacles politiques.


Si au niveau des partis, les uns et les autres se positionnent, c’est au sein du PJD que la marmite risque d’exploser entre les mains d’El Othmani. Il y a d’abord les affidés de Benkirane, remis en selle en sous-main par les réseaux fidèles à ce dernier, les "infiltrés" de la formation Tawhid wa Islah et les jeunes loups du parti, trop impatients de goûter leur part du gâteau.


Une fois n’est pas coutume, le chef du gouvernement va chasser jusque dans les plates-bandes de l’opposition. La démarche d’El Othmani traduit non seulement l’amateurisme du chef du gouvernement mais aussi sa peur de rater ce remaniement pour cause de manque de profils adéquats. D’où cette danse du ventre inattendue et totalement inédite devant les partis de l’opposition où El Othmani espère dénicher le ou les oiseaux rares à présenter au roi.


Des émissaires discrets ont ainsi approché des têtes pensantes émargeant aussi bien au Parti authenticité et modernité (ennemi juré des islamistes ), qu’au Parti de l’Istiqlal (PI) et même chez ces pseudo-marxistes de la Fédération de la Gauche !


Sur le fond du problème, le chef du gouvernement a tout faux puisqu’il est surtout persuadé que les difficultés gouvernementales sont plus dues aux coups bas portés par les nervis de l’administration qu'aux défaillances de ses ministres dans leur ensemble. Pour ce dernier, il n'y aurait ni plus ni moins de cafouillages que dans les gouvernements précédents.


Pourtant la baisse de sa cote de popularité et celle de son gouvernement sont bel et bien inscrites dans l’ADN d’une cohabitation cacophonique et sur les replâtrages ministériels qui ont marqué la gestion de toutes les crises sociales. Un interventionnisme de façade qui n'a pas eu plus d'effet qu'un cautère sur une jambe de bois.


Ce que ne dit pas El Othmani, c’est que par manque de courage politique, le psychiatre de profession a mis trop d’eau dans son vin en essayant à chaque fois de couvrir les bourdes de ses ministres, avec bien entendu un faible pour les frères issus de sa formation, et, à leur tête Abdelkader Amara et Najib Boulif, pour ne citer que les gaffes de ces derniers.


D’où la question qui revient sur toutes les lèvres, n’est -il pas  temps de tourner définitivement la page des islamistes au gouvernement ?