Printemps arabe – Exceptions marocaine et jordanienne

 Printemps arabe – Exceptions marocaine et jordanienne

Le roi du Maroc Mohamed VI (D) et son homologue jordanien Abdallah II


« Parmi les huit monarchies dominantes du Moyen-Orient, le Maroc et la Jordanie sont singulières (…) elles ont la réputation d’être plutôt des royaumes modérés étant guidés vers la démocratie par des rois réformistes alliés de l’Occident », c’est ainsi que Sean Yom a qualifié les dites monarchies dans une chronique publiée dans les colonnes du Washington Post.


Le professeur de science politique à la Temple University, estime que les monarchies marocaine et jordanienne ne sont plus des « démocraties de façade », parce qu’elles ont géré avec audace et assurance le Printemps arabe. Pour l’intellectuel, les deux régimes qui ont réussi en comparaison à d’autres emportés comme un fétu de paille par les guerres, ont pu traverser les turbulences parce qu’ils ont eu l’intelligence de ne pas brimer les parlements élus, de permettre à l’opposition et aux sociétés civiles de jouer leur rôle.


Par ailleurs, durant la période chaude des printemps arabes, Rabat et Amman ont remisé le bâton pour calmer  les manifestations populaires avec des réponses claires et précises aux attentes. Cette stratégie s’est concrétisée beaucoup plus visiblement dans la politique électorale martèle le chercheur. Depuis 2011, le Maroc et la Jordanie ont tous deux tenu deux élections législatives. Toutes ont été certifiées par des observateurs internationaux comme transparentes, car elles l’étaient le plus souvent, reconnaît-il. « Ce sont des oasis de stabilité dont la politique reflète le parcours historique de l’Europe vers la monarchie constitutionnelle », explique-t-il.


Un constat qu’il relativise pourtant : « En vérité, le Maroc et la Jordanie ne sont efficaces que parce que le reste du Moyen-Orient est si mauvais (…) comme l’Arabie saoudite et Bahreïn, qui, en termes de liberté civile et politique, se comparent à des dictatures comme la Corée du Nord et le Turkménistan ». Avant de défendre cet état des lieux, estimant que « les monarchies sont là pour durer ». L’universitaire estime néanmoins que « ces régimes ont déployé des réformes politiques peu profondes dont la rhétorique démocratique a occulté la réalité fondamentale de l’autocratie royale ».


Aziz Cherkaoui