Ouverture du Parlement : Le roi dit ses quatre vérités

 Ouverture du Parlement : Le roi dit ses quatre vérités

Maroc


 


C’est un discours d’une rare virulence que Mohammed VI a prononcé, ce vendredi 9 octobre à Rabat, à l’occasion de l’ouverture de la première session du Parlement. Morceaux choisis.


 


Démocratie en construction


« Nous ne saurions considérer que le processus a atteint son terme. Car, en effet, les élections ne sont pas une fin en soi. Elles marquent plutôt le commencement effectif d’un long parcours, dont le point de départ consiste à mettre en place les institutions et à leur conférer la légalité requise.


Plus encore ! La représentation des citoyens est une charge éminemment importante qu’il appartient aux élus et aux partis politiques d’assumer, soit en honorant leurs promesses envers les électeurs, soit en s’employant à répondre aux préoccupations pressantes qui sont les leurs ».


 


L’alternance n’est pas un vain mot


« Les citoyens ont déjà dit leur mot. Mais Je veux, de cette tribune, adresser un message à ceux qui n’ont pas eu de chance dans ces élections : Ils ne doivent pas perdre espoir … Il faut qu’ils se livrent à une autocritique constructive, pour corriger les erreurs, redresser les dysfonctionnements et poursuivre dès maintenant leur action, sérieusement et résolument, sans faiblir ou faillir, en vue de gagner la confiance des électeurs dans les prochaines échéances.


C’est bien cela la démocratie authentique. Elle prévoit l’alternance dans l’exercice du pouvoir et la gestion de la chose publique. Qui ne l’emporte pas aujourd’hui pourrait être le gagnant de demain. Mais nous refusons les lamentations a posteriori, comme nous rejetons les accusations infondées portées contre les autorités chargées de l’organisation des élections. Les garanties qui ont été fournies, valent bien celles que l’on trouve dans les plus grandes démocraties dans le monde ».


 


Participation massive du Sahara


« Nous avons noté, avec une immense fierté, la participation massive des habitants de nos provinces du Sud dans les dernières élections. C’est là une preuve démocratique supplémentaire de l’attachement des populations du Sahara à l’intégrité territoriale et au système politique de leur pays. Cela traduit également leur volonté d’insertion efficace dans les institutions nationales.


A cet égard, Nous affirmons que la légitimité populaire et démocratique acquise par les élus, qui ont été choisis en toute liberté, fait de ceux-ci les véritables représentants des populations du Sahara marocain, contrairement à une minorité qui réside hors-patrie et tente illusoirement et sans le moindre fondement juridique de s’autoproclamer représentant de ces populations ».


 


Plus de politique au rabais


« Malgré tous les efforts déployés, l’image qui reste dans l’esprit de nombreux citoyens, est celle d’antagonismes et de surenchères entre la majorité et l’opposition, parfois à l’intérieur du parlement et dans certains rassemblements partisans et même dans les médias. Il m’a déjà été donné de vous dire de cette tribune que le discours politique ne s’élève pas toujours au niveau des aspirations du citoyen.


Là, J’attire l’attention sur le fait que la tendance aux luttes marginales se fait toujours au détriment des questions pressantes et des préoccupations réelles des citoyens. Cela suscite le mécontentement populaire concernant l’action politique en général et amène le citoyen à se désintéresser du véritable rôle du parlement.


En effet, le parlement doit être un miroir qui reflète les préoccupations des citoyens et un espace pour le dialogue sérieux et responsable autour de toutes les grandes questions nationales ».


 


Haro sur le laxisme des parlementaires


Pourquoi les lois d’un nombre d’institutions n’ont pas été mises à jour alors que quatre années se sont écoulées depuis l’adoption de la Constitution ? Qu’attendons-nous pour mettre en place les nouvelles institutions créées par la Constitution ?


Nous citons notamment certaines institutions de défense des droits de l’Homme et de contrôle, le Conseil Consultatif de la Famille et de l’Enfance et le Conseil Consultatif de la Jeunesse et de l’Action Associative.


Nous avons jugé nécessaire de rappeler au gouvernement et au parlement la nécessité de se conformer aux dispositions de l’Article 86 de la Constitution, qui fixe le terme de cette législature comme dernier délai pour soumettre les projets de lois organiques à l’approbation du parlement ».


 


Les dossiers les plus urgents


« Nous rappelons ici, à titre d’exemple, les projets des lois organiques relatives à la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, au Conseil National des Langues et de la Culture Marocaine, à l’exercice du droit de grève et au Conseil de Régence.


Ces questions nationales majeures exigent de vous tous, majorité et opposition, gouvernement et parlement, de faire prévaloir l’esprit de consensus constructif et de vous écarter des surenchères politiques.


Par ailleurs, l’élaboration du projet de loi organique sur la grève nécessite d’engager de larges consultations et de faire preuve d’un esprit de consensus constructif, de sorte à garantir les droits des travailleurs, les intérêts du patronat et l’intérêt de la Nation.


S’agissant des textes soumis au parlement, Nous appelons à l’accélération de l’adoption des projets des lois organiques relatives au pouvoir judiciaire, outre le projet de loi relatif à l’Autorité pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination ».


 


Aziz Cherkaoui