Maroc/Nigeria : un projet qui s’érige en symbole de la coopération Sud-Sud

 Maroc/Nigeria : un projet qui s’érige en symbole de la coopération Sud-Sud

Le Roi du Maroc Mohammed VI et le Président nigérian Muhammadu Buhari au palais présidentiel à Abuja au Nigéria, le 2 décembre 2016. PHILIP OJISUA / AFP

Comme cela a été annoncé par le communiqué du Cabinet Royal du dimanche 31 janvier, le Roi Mohammed VI et le Président nigérien Muhammadu Buhari ont fait le point téléphoniquement sur l’évolution des relations bilatérales entre les deux pays, dont les projets stratégiques pour la région. Revenons sur le gigantesque projet du gazoduc Nigeria-Maroc initié par les deux chefs d’Etats lors de la visite royale de 2016, et qui va relier 13 pays africains pour satisfaire leurs besoins en énergie, à savoir : Nigeria, Bénin, Togo, Ghana, Côte d’Ivoire, Liberia, Sierra Leone, Guinée Konakry, Guinée Bissau, Gambie, Sénégal, Mauritanie et Maroc. 

À ce jour, l’Afrique dispose de deux gazoducs importants transnationaux : le West African Gas Pipeline qui relie le Nigéria, le Bénin, le Togo et le Ghana, et le Pedro Duran Farell qui relie l’Algérie à l’Europe, en partant par le Maroc, le détroit de Gibraltar et l’Espagne. 

Le gazoduc Nigeria-Maroc est d’une dimension plus importante. Il s’agit d’une infrastructure d’une longueur de 5.660 kilomètres, mobilisant un budget de 25 milliards de dollars. Juste après la signature des accords de coopération relatifs à ce méga-projet, des instances de gouvernance ont été mises en place, lesquelles ont engagé la phase de pré-étude puis l’étude de faisabilité, confiées au cabinet d’expertise britannique Pempsen. 

>> Lire aussi : Le Maroc et le Nigeria déterminés à concrétiser  les projets stratégiques

Symbole de la coopération Sud-Sud

Ce projet visionnaire est le symbole de la coopération Sud-Sud pour de multiples raisons : 

  • Impact très positif sur le Nigeria qui est le 5ème exportateur de gaz dans le monde et le 1er en Afrique, et qui via ce gazoduc va optimiser le coût du transport du gaz qui se fait actuellement après sa transformation en gaz naturel liquéfié (GNL)
  • Impacts très positifs sur les autres pays concernés par la projet, qui disposeront d’une énergie propre pour pour investir dans des centrales électriques qui utiliseront le gaz et résorber leurs déficits en énergie et qui freinent leur développement socio-économique. Et autour de ces centrales, réaliser des écosystèmes créateurs d’industries de transformation et d’emplois
  • Electrification des populations qui en sont privées actuellement. Ce projet couvrira 13 pays représentant une population de plus de 300 millions de personnes et qui va doubler à horizon 2050
  • Assurer la production d’engrais pour l’agriculture de ces pays à des coûts compétitifs et contribuant à leur sécurité alimentaire
  • Montée en compétence de l’ingénierie africaine et de ressources humaines qualifiées

Un projet à très fort impact sur les pays de la CEDEAO

Pour la mise en oeuvre de ce projet, deux acteurs essentiels sont fortement impliqués pour sa coordination. Il s’agit de l’Office National des Hydrocarbures et des Mines du Maroc (ONHYM), dont la Directrice générale est Amina Benkhadra, plusieurs fois ministre de l’Energie et des Mines, et de la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC), dont Mele Kyari est le Group Managing Director. Ils ont mis leur expertise en commun pour projeter le tracé du gazoduc en offshore et onshore. 

Des discussions sont d’ores et déjà engagées avec les bailleurs de fonds internationaux pour la mobilisation des fonds nécessaires permettant le financement de ce projet à très fort impact sur les pays de la CEDEAO, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest.Il faut rappeler que les deux pays sponsors de cette initiative ont mis en avant leurs fonds souverains. Il s’agit d’Ithmar Capital pour le Maroc et la Nigerian Sovereign Investment Authority (NSIA). Cette nouvelle impulsion donnée par le Roi du Maroc et le Président du Nigeria à ce projet structurel de la région de l’Afrique de l’Ouest est le signe d’une volonté commune d’accélérer la cadence pour sa concrétisation.