Modernistes versus conservateurs

 Modernistes versus conservateurs

Un couple marocain quittant un tribunal itinérant à Ait Inzal


 


Le vote de l’amendement qui devrait repousser à nouveau de cinq ans la date limite d’authentification des mariages coutumiers a rallumé la guéguerre entre islamistes et laïques. 


 


En effet, la Commission de la justice et des droits de l’Homme à la Chambre des représentants a voté, ce 14 juillet, un amendement au code de la famille (l’article 16 de la Moudawana de 2004 prévoit une période transitoire de cinq ans pour officialiser les mariages coutumiers) qui a été perçu par de nombreuses associations proches des milieux de la gauche, comme un blanc-seing pour autoriser le mariage des mineures qui est en principe interdit au Maroc.


Or, ce ne sont pas les islamistes qui ont proposé cet amendement mais le Mouvement populaire. Pourquoi le MP ? Selon les députés de ce parti, c’est juste une dernière chance pour des citoyens résidant dans les campagnes reculées qui souffrent de ne pas pouvoir authentifier des mariages coutumiers conclus en méconnaissance de la loi.


Les problèmes qui résultent de cette situation d’illégalité sont graves puisqu’en l’absence de légalisation, les enfants qui naissent de cette union ne sont pas reconnus et n’ont pas le droit de disposer de papiers officiels ni d’être scolarisés et donc, pas d’accès à l’emploi, plus tard.


Un petit bémol cependant puisqu’une étude de l’Initiative pour la promotion des droits des femmes faisait état de 25 % des verdicts favorables aux demandes d’authentification concernant des filles mineures, dont l’âge au début du mariage ne dépassait pas 15 ans et ce, rien qu’entre novembre 2012 et juin 2013.


16 % des femmes âgées entre 20-24 ans ont été mariées avant l’âge de 18 ans, et 3 % avant 15 ans, des chiffres au-dessus de la moyenne mondiale qui est de 10 %. Le ministère de la Justice a enregistré plus de 35 000 mariages de mineurs en 2013, soit 11 % de la totalité des mariages contractés au Maroc. Toujours d’après la même source, le problème concerne aussi bien les zones rurales qu’urbaines.


 


Aziz Cherkaoui