Maroc. Marhaba : Vive les MRE !
Quand j’ai vu les derniers chiffres des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE), j’ai eu tout de suite envie de dire « Merci ». Des envois des MRE qui ont connu une hausse de 8,3%, soit un volume de 22,9 MMDH, et ça, juste pour le premier trimestre de l’année en cours.
En 2021, les transferts de fonds des Marocains résidant à l’étranger ont atteint 93 milliards de dirhams (MMDH). Cette année, les transferts de fonds vers le Royaume ont explosé de 40%, soit un record de croissance qui s’explique par la conjoncture de crise sanitaire que connaissait le monde. Cela veut dire que ces Marocains ne se sont pas dérobés à la première crise venue et ont au contraire assuré, au-delà de toute espérance. D’ailleurs, tous les observateurs s’accordent à reconnaître que l’augmentation des fonds transférés par les diasporas est généralement plus forte au cours des crises, que ce soit dans les pays d’accueil ou de ceux d’origine.
M erci donc au nom de la vieille maman restée au douar sans ressources, merci pour le loyer payé pour permettre à toute la famille de continuer à loger décemment dans ce quartier populaire, merci pour l’étudiant qui a pu passer ses examens alors qu’il aurait dû abandonner ses études, merci pour cet ami resté au bled et qui peut encore garder la tête haute malgré ses déboires professionnels, merci pour ce malade chronique qui continue à vivre malgré ses séances de dialyse, et tout simplement merci pour cette cohorte de chômeurs qui ont pu survivre en temps de pandémie grâce à la solidarité des MRE.
Si ces transferts sont d’abord effectués pour soutenir le pouvoir d’achat des familles basées au Maroc, rétréci en peau de chagrin par la crise sanitaire et terrassé par les conséquences de la crise en Ukraine, on n’a pas besoin de préciser que les fonds envoyés par les Marocains du monde représentent aujourd’hui pour le royaume un enjeu stratégique et un levier économique et social majeur. Ce serait l’occasion une fois de plus, de dire merci pour cela, au nom du pays.
La gratitude dérive du terme latin gracia, « la grâce » et si cette présence « sonnante et trébuchante » des Marocains de l’extérieur est bien une manne, elle est aussi une grâce. Elle est une exception dans l’économie capitaliste dans les pays où vivent ces mêmes Marocains. Spinoza définit la gratitude comme « le désir ou l’élan d’amour par lequel nous nous efforçons de faire du bien à celui qui nous en a fait par un sentiment d’amour ». Or pour beaucoup de Marocains, forcés à l’exil pour des raisons économiques bien connues, cette attention portée aux proches restés au pays, c’est d’abord une marque d’amour, un amour accompagné de la joie de l’argent, des dons envoyés reçus et partagés. Il s’agit d’un partage avec ceux qu’on aime dans un bonheur qui sait reconnaître la valeur de ce qu’on a reçu auparavant.
Le soin porté par ces MRE à ceux qui sont restés au pays est d’autant plus remarquable que ces Marocains d’ailleurs ont fait jusqu’à présent preuve d’une dignité quasi christique dans des pays d’accueil qui ont fait les boucs émissaires de la crise économique et les idiots utiles de l’islamisme, quand ils ne sont pas désignés à la vindicte populaire dès qu’un abruti éructe une ineptie sur le fameux grand remplacement.
Adopter la gratitude face à ces Marocains qui vivent en apnée durant 11 mois de l’année pour venir partager des moments de bonheur en famille ? C’est d’abord en pratique, cultiver une émotion de gratitude qui nous permettra de fermer les yeux sur certains débordements, accepter que des fêtards de passage puissent nous faire perdre le sommeil d’une nuit ou que des jeunes en voitures de luxe (louées à la semaine) se prennent pour l’acteur Tom Cruise l’espace d’une virée sur la côte. Conseils précieux à la veille de l’opération Marhaba.
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