Le roi Mohammed VI secoue le cocotier
Le roi Mohammed VI a réitéré dans un discours prononcé à l’occasion de la fête du Trône son désir le plus ardent de voir tous les citoyens profiter des richesses du royaume.
C’est un discours de vérité que le souverain chérifien a adressé aux Marocains à l’occasion du seizième anniversaire de son intronisation. Refusant de se complaire dans un satisfecit confortable, dérogeant au fameux « discours bilan » qu’affectionnent tant les chefs d’Etat, le monarque a préféré reconnaître que « tout ce qui a été réalisé, nonobstant son importance, restera insuffisant pour notre pays tant qu’une frange de la société continue à souffrir des conditions pénibles de la vie, et tant qu’elle éprouve le sentiment d’être marginalisée »
Les inégalités criantes entre le centre, prospère et riche en contradiction avec la pauvreté des zones enclavées ont été relevées avec dépit par Mohammed VI qui n’hésite pas à se désoler de la précarité que vivent « certains de nos concitoyens dans les régions éloignées et enclavées, surtout sur les sommets de l’Atlas et du Rif, les zones sahariennes arides et les oasis, ainsi que certains villages dans les plaines et sur les côtes ».
Qu’est-ce qui doit être fait ? Mohammed VI fait des confidences « Nous avons décidé de charger le ministre de l’Intérieur, qui exerce l’autorité tutélaire sur les collectivités territoriales, de mener une étude de terrain globale, pour cerner les besoins de chaque Douar et de chaque région, en termes d’infrastructures et de services sociaux de base, tant dans les domaines de l’enseignement et de la santé, qu’en ce qui concerne l’eau, l’électricité, les routes rurales, etc.
D’après le roi, cette étude a porté sur toutes les régions du Royaume. Elle a permis d’identifier plus de 29 mille Douars, dans 1272 communes, souffrant d’un tel déficit. Les régions et les domaines concernés ont été répertoriés par ordre de priorité.
De même qu’ont été examinés environ 20 800 projets, dédiés à plus de 12 millions de citoyens, vivant dans plus de 24 mille Douars, avec un budget global de 50 milliards de dirhams environ.
Afin de garantir le succès de ce chantier social d’une ambition sans pareil, il a ainsi invité le gouvernement à établir un plan d’action intégré, fondé sur le partenariat entre les différents départements ministériels et les institutions concernées, en vue de trouver les moyens de financement des projets avec un échéancier précis pour leur mise en œuvre.
Une fois n’est pas coutume, le roi du Maroc s’est longuement attardé sur la situation des Marocains Résidant à l’Etranger. Dans une allusion directe aux problèmes rencontrés par cette catégorie de citoyens à leur retour au bercail, le souverain alaouite a reconnu que « nombre d’entre eux se plaignent également d’une série de problèmes dans leurs relations avec les missions consulaires marocaines à l’étranger ».
« Certains membres de la communauté m’ont fait part de leur mécontentement du mauvais traitement qui leur est réservé par certains consulats, ainsi que de la faiblesse des prestations qu’ils leur fournissent, tant pour ce qui concerne la qualité de ces services, que pour ce qui est du respect des délais ou de certaines entraves administratives » a-t-il précisé.
Au passage, le ministre des Affaires Etrangères en prendra pour son grade « nous attirons donc l’attention du ministre des Affaires Etrangères sur la nécessité de s’employer avec toute la fermeté requise à mettre fin aux dysfonctionnements et autres problèmes que connaissent certains consulats. Il faut, d’une part, relever de ses fonctions quiconque a été reconnu coupable de négligence, de dédain pour les intérêts des membres de la communauté, ou de mauvais traitement à leur égard ».
Les Marocains ont beaucoup d’affection pour le roi, et lui-même semble témoigner d’une sincère empathie avec son peuple « Tout ce que vous vivez m’intéresse : ce qui vous atteint m’affecte aussi, ce qui vous apporte bonheur me réjouit également. Ce qui vous tracasse figure toujours en tête de mes préoccupations ». Pour laisser entrer les marocains la grande scène de l’histoire, le monarque a déjà prouvé qu’il était le premier à mettre la main à la pâte « comme je t’en ai fait le serment, je continuerai à travailler jusqu’au dernier souffle pour arriver à ce dessein. Car notre ambition pour rendre heureux notre peuple est sans limites ».
Abdellatif El azizi