« Le hammam, c’est la vie ! », Dounia, habitante de Ouarzazate
Chaque samedi après-midi, Hassan vient au hammam. "Comme c'est férié, il y a beaucoup de monde mais ça ne me dérange pas. Bien au contraire", dit tout sourire ce jeune Marocain de 25 ans, originaire de Ouarzazate, une ville située au sud des montagnes du Haut Atlas, connue comme étant la porte du désert du Sahara, perchée à 1100m d'altitude.
Le hammam pour Hassan, comme pour l'immense majorité des Marocains, c'est beaucoup plus qu'une simple salle de vapeur humide où on transpire.
On y va en moyenne une fois par semaine. Il occupe une place importante dans la vie des Marocains. Il y aurait plus de 10.000 hammams dans tout le pays. C'est un phénomène social, un lieu public que toutes les catégories sociales fréquentent.
"En tant que musulman, l'hygiène est très importante pour nous. Donc, je viens d'abord au hammam pour me laver en profondeur", tient à préciser d'emblée Hassan.
A Ouarzazate, l'entrée du hammam est bon marché : elle ne coûte que 10 dirhams (NDLR: 1euro). Quand on sait que certains foyers n'ont pas toujours accès à l'eau chaude, le hammam est donc pour certains une bénédiction.
"Les soirées d'hiver à Ouarzazate sont très froides. Les appartements ne sont pas chauffés ici; alors en janvier, quand on finit le travail, on vient tous se réchauffer au hammam", explique Hassan.
Pour ce coiffeur de profession qui tient un salon avec son frère près de la médina, le hammam est aussi un lieu pour "se détendre, se retrouver entre amis et bavarder".
"Il y a quelques bars à Ouarzazate mais on ne rencontre pas vraiment les gens. Le soir, on vient surtout voir les matchs de football", précise-t-il. "Au hammam, c'est différent, je croise des gens de tous les milieux", témoigne Hassan. "De parfaits inconnus sont devenus de vrais amis", dit fièrement Hassan.
Au hammam, chacun vient avec son seau, son gant de toilette, (Kassa), son Ghassoul (Argile), ses huiles essentielles, son savon noir, et même son dentifrice. "Il arrive qu'on se relaie chacun notre tour pour se passer le gant de crin", témoigne Hassan.
Une fois par mois, Hassan se paie "même le luxe" de se faire masser. "A 40 dirhams (NDLR : 4 euros), je peux me le permettre !", lâche-t-il en plaisantant. "Les massages sont très toniques et comme je reste souvent debout au travail, ils me font beaucoup de bien".
Pour Mohamed, le hammam, c'est plutôt le dimanche. Il vient toujours accompagné de ses deux fils, Marwan et Said, jumeaux de huit ans. "Il y a moins de monde ce jour-là. Depuis que mes enfants ont trois ans, je les emmène au hammam. C'est quelque chose qu'on aime partager ensemble. J'oblige même mes fils à laver leur frère chacun leur tour", dit-il. "Ça renforce leurs liens".
A droite de l'entrée masculine, il y a le hammam pour les femmes. Impossible d'y accéder. Et là, même topo chez Dounia, interrogée à la sortie de "son établissement préféré".
"Le hammam est un des rares lieux où on peut se retrouver entre nous. J'y ai passé plus de trois heures aujourd'hui à bavarder de tout et de rien avec des femmes de tous les âges. Certaines m'ont même donné des conseils de beauté", avoue timidement la trentenaire. "Le hammam, c'est la vie", conclut Dounia avec le sourire.
Nadir Dendoune