L’assassinat du juge : Le crime parfait existe-t-il ?

 L’assassinat du juge : Le crime parfait existe-t-il ?

Ahmed Nabih


Certains meurtres non résolus après plusieurs années semblent laisser croire que oui. Mais la règle veut que chaque crime ait un ou plusieurs auteurs. En ces temps de confinement, il nous a paru judicieux de revenir sur l’histoire du plus célèbre meurtre du troisième millénaire non élucidé du royaume. Celui du juge communal Ahmed Nabih.


En 2000, Ahmed Nabih a été retrouvé mort dans sa voiture, poignardé des dizaines de fois à la poitrine et aux bras.


Les faits remontent au 24 juillet 2000 à Sidi Laidi, cette nuit dramatique où des monstres sans foi ni loi, se sont acharnés sur le corps de la victime, avant de l’abandonner, agonisant dans sa voiture, dans un chemin rural.


Si ses assassins n’ont pas encore été mis derrière les barreaux, ce n’est pas faute de suspects mais parce que de grandes zones d’ombre entourent toujours ce meurtre qui semble évoluer vers sa dernière phase.


En effet, des instructions ont été données pour que la justice fasse vraiment son travail dans une affaire qui semble impliquer des personnalités insoupçonnables et qui dépassent les frontières de la ville de Settat. En effet, l’assassinat du juge communal se distingue non seulement par sa brutalité mais aussi par des questions restées sans réponse.


Parmi les hommes qui sont mis en examen aujourd’hui figure un certain Dalouadi Mohamed sur qui pèsent beaucoup de charges. L’homme, un milliardaire qui possède une pharmacie à Casablanca avait un mobile sérieux d’en vouloir au défunt, car il avait été notamment traîné en justice ( et condamné) sur la base d’une plainte déposée par de pauvres vieilles femmes qu’il avait escroquées et ce, grâce au soutien du juge communal qui est en même temps un de ses cousins éloignés.


Quant à son frère Mustapha Dalouadi, il avait été nommément identifié sur les lieux du crime par un témoin, et même les alibis présentés par ce dernier devant les juges ont été mis à mal par la confrontation avec les gens derrière lesquels il s’était abrité.


Si l’assassinat sauvage du septuagénaire, est toujours synonyme de crime non résolu, l’évolution de ce dossier qui commence à avoir des ramifications qui vont très loin risque de voir sa conclusion dès que le confinement aura pris fin et que les tribunaux recommenceront à statuer.


Ce ne serait que justice, si ce n’est pas pour la mémoire du défunt ce sera au moins pour permettre à sa famille de faire le deuil parce que le processus de deuil implique non seulement de vivre simplement avec des souvenirs de la vie de ce père époux et proche  sur lesquels m'appuyer mais aussi de savoir que justice a été faite et que les criminels aient eu leur châtiment.


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