Abderrahman El Youssoufi, ancien 1er ministre du Maroc est mort
L’ancien secrétaire général de l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP) et premier ministre, est décédé ce matin à l’hôpital Khalifa de Casablanca. Né à Tanger le 8 mars 1924, Abderrahman El Youssoufi qui a passé la plus grande partie de sa vie dans l’opposition, restera comme le premier ministre de la transition démocratique, dans le gouvernement « d’alternance » de 1998.
Il était l’homme parfait pour le changement de paradigme et de transition démocratique au Maroc.
Compagnon de route de Mehdi Ben Barka et d’Abderrahim Bouabid, il accepte après un long exil à Cannes, de mener un gouvernement en 1998 sous feu le roi Hassan II. Son gouvernement « d’alternance » constitué pour moitié (22 sur 41) par des ministres de la « Koutla », regroupement de partis de l’opposition. Il restera en poste jusqu’aux législatives de septembre 2002. Le technocrate Driss Jettou le remplace. En 2003, il démissionne de son poste de Premier Secrétaire de l’USFP et quitte la scène politique.
Le nationaliste de l’Istiqlal
Ce grand homme d’Etat est un militant de la première heure du nationalisme marocain, au sein du parti de l’Istiqlal. Il intègre ce parti à l’âge de 19 ans. Il sera très lié avec Mehdi Ben Barka dont il était très proche. Adhérent au parti, il obtiendra un DES de droit et de sciences politiques lors de son séjour à Paris de 1949 à 1952. L’occasion ainsi d’organiser la classe ouvrière marocaine en France.
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De retour à Tanger il devient avocat et membre de l’aile gauche de l’Istiqlal. Il participera activement à l’armée de libération après la destitution du roi Mohammed V. Avec plusieurs membres de l’Istiqlal (Mehdi Ben Barka, Mohamed Besri, Mahdjoub Ben Seddik, Abderrahim Bouabid, Abdallah Ibrahim), il quitte le parti et crée l’Union Nationale des Forces Populaires (UNFP).
L’opposant devient premier ministre
En 1959, il est arrêté pour offense au roi avant d’être relâché quelques jours plus tard. Ses années d’opposition seront marqués par plusieurs procès. En 1963, il est condamné par contumace à 2 ans de prison. En 1965, après l’assassinat de Mehdi Ben Barka, il vient en France où il vivra en exil durant 15 ans. Nouvelle condamnation lors du grand procès de Marrakech où le procureur requiert la peine de mort.
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L’UNFP devenu l’USFP, il en assure la délégation à l’extérieur. Gracié en 1980, il rentre au Maroc. En 1992, après la mort d’Abderrahim Bouabid, il devient premier secrétaire du parti. En 1997, après la victoire du parti USFP aux élections, le roi Hassan II le charge de constituer le gouvernement « d’alternance ».
Cet homme « pragmatique et nationaliste » a pu jouer un rôle important dans le moment historique que feu Hassan II qualifiait « d’une alternance que nous avons tant espérée. » Il est aussi le premier ministre qui a « assuré » la transition lors de l’accession au trône du nouveau roi Mohammed VI. Celui-ci gardera d’ailleurs une affection particulière pour cet homme d’Etat en lui rendant visite à l’hôpital, pendant son traitement.