L’Affaire Ahmed Nabih n’a pas encore livré tous ses secrets
La mort tragique du juge communal Ahmed Nabih, il y a 16 ans maintenant, a profondément marqué l’esprit des habitants de Settat, une ville marocaine où vit encore une partie de sa famille. L’assassin court toujours.
Peut-on encore espérer voir le (ou les) assassins de Ahmed Nabih derrière les barreaux ? C’est ce qui explique que la famille du défunt n’ont de cesse de frapper à toutes les portes, y compris celle du Congrès américain dont plusieurs membres se sont saisis de ce dossier pour appeler les autorités marocaines compétentes à faire la lumière sur les dessous d’un meurtre encore non élucidé.
Pour rappel, ce meurtre perpétré en 2000 avait bouleversé toute la région de Settat. A l’époque, exactement, le 25 juillet 2000 vers 9h30, les gendarmes appelés en catastrophe avaient trouvé le corps du septénaire gisant et baignant dans une mare de sang, étendu sur le siège de sa voiture, en rase campagne, à quelques dizaines de kilomètres de la ville de Settat.
Le corps portait des traces de coups violents assénés par une arme blanche. L’autopsie avait conclu à un crime commis avec une grande sauvagerie. Les articles de presse successifs sur l’affaire soulèveront juste après tout un tas de questionnements.
Pourquoi dès lors n’a-t-on fouillé aucune voiture des suspects dont le frère du suspect no 1 ? Pourquoi n’a-t-on pas jugé nécessaire non plus d’interroger davantage les personnes les plus douteuses ? Il y a notamment un des cousins du défunt, un homme riche et influent qui avait toutes les raisons d’en vouloir au juge.
En effet, pour une sombre histoire de terres obtenues par usage de faux, ce fameux patron de plusieurs sociétés, avait été pris la main dans le sac dans une affaire de falsification d’actes de vente sur la base de fausses cartes d’identité. C’est le juge communal qui avait réussi à dénoncer cet acte délictueux.
Même si le juge, adepte des règlements à l’amiable, avait proposé à l’infâme cousin de restituer aux pauvres dames leurs terres, l’affaire avait valu au personnage une condamnation à trois mois de prison ferme pour faux et usage de faux par les juges de Settat.
De plus ce personnage au bras particulièrement long, s’est notamment, et sans raison, opposé à l'autopsie après avoir assisté au lavage (illégal) de la voiture ensanglantée de la victime.
Comment explique-t-on aussi le fait que les preuves ADN fournies par le professeur français Philippe Espérança, un des plus grands spécialistes dans le monde, aient été ignorées jusqu’à présent ?
Depuis l’ouverture d’une information judiciaire par le parquet de Settat, à chaque nouveau point de situation sur l’enquête, c’est le même constat : toujours aucune avancée, comme si une main invisible intervenait pour bloquer l’enquête.Et malgré un grand battage médiatique autour de cette affaire, le secret de l’assassinant du juge communal semble s’épaissir avec les années.
Aziz Cherkaoui