Maroc-Israël. Au-delà du désert du Néguev

 Maroc-Israël. Au-delà du désert du Néguev

(De G à D) Le ministre des Affaires étrangères de Bahreïn Abdullatif bin Rashid al-Zayani, le ministre égyptien des AE Sameh Shoukry, le ministre israélien des AE Yair Lapid, le secrétaire d’État américain Antony Blinken, le ministre marocain des AE Nasser Bourita et le ministre des AE des Émirats arabes unis Sheikh Abdullah bin Zayed al-Nahyan, après leur réunion lors du sommet diplomatique organisé dans la ville de Sde Boker, dans le désert du Néguev, le 28 mars 2022. Jacquelyn MARTIN / PISCINE / AFP

Maroc-Israël. Si le ministre marocain des Affaires étrangères participe bien depuis dimanche 27 mars à un sommet diplomatique, dans la ville de Sde Boker, dans le désert du Néguev, avec ses homologues israélien, américain, émirati, égyptien et bahreïni, on peut légitimement se poser la question qui est sur toutes les lèvres : que gagne le royaume à une rencontre en Israël où pour la première fois un responsable de haut rang se rend officiellement dans l’Etat hébreu ?

 

On peut estimer que le Maroc a bien quelque chose à gagner avec l’intransigeance israélienne face à l’activisme des Iraniens dont le royaume en fait déjà les frais avec le soutien effectif du Hezbollah aux milices du Polisario.

A Naftali Bennett qui s’oppose avec ferveur à toute remise en question d’un accord nucléaire, on peut ajouter aussi les Saoudiens qui observent attentivement ce qui va s’y passer, partagent l’inquiétude commune face à un pays hégémonique qui se trouverait fortement encouragé, voire même renforcé par l’accord qui est actuellement en train de prendre forme, sous la houlette de l’Oncle Sam.

Sans oublier que la plupart de ces pays se sont rendu compte à la lumière de la crise ukrainienne que les États-Unis se sont complètement désengagés de l’interventionnisme qui les caractérisaient et même cet allié historique qu’est Israël ne fait plus partie des priorités de Washington.

Ce n’est d’ailleurs un secret pour personne que le secrétaire d’État américain n’est pas vraiment partie prenante de la rencontre. Antony Blinken, invité de dernière minute, devra user de tout son entregent pour convaincre l’Assemblée de la justesse des promesses concernant un accord sur le nucléaire revu entre le groupe P5+1 et l’Iran, dont l’objectif est de freiner le programme d’armement nucléaire du régime des Ayatollahs, en échange d’une levée des sanctions et, même peut-être, de la radiation du Corps iranien des Gardiens de la Révolution islamique de la liste américaine des entités terroristes.

Au-delà de ces éléments conjoncturels, le déplacement du chef de la diplomatie marocaine revêt d’autres significations de majeure importance. Si l’initiative du ministre des Affaires étrangères Yair Lapid de tenir cette rencontre à Sde Boker où vivait David Ben Gourion, membre fondateur de l’Etat d’Israël et Premier ministre de l’Etat hébreu, symbolise la légitimité de l’Etat d’Israël, elle marque aussi l’importance de l’État juif dans les calculs des pays qui ont signé les Accords d’Abraham, le Maroc, Bahreïn et les Émirats arabes unis.

Pour le Maroc, le lien avec l’Etat hébreu dépasse ces questions de géopolitique régionale, le royaume a plus à gagner en se rapprochant d’un pays où la grande majorité de la classe politique est d’origine marocaine et voue un amour inconditionnel au royaume.

 

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