Maroc/Espagne. Le gaz est bien arrivé
« L’Espagne et le Maroc ont activé pour la première fois ce mardi (28 juin), en plein sommet de l’OTAN, le gazoduc Maghreb-Europe que l’Algérie a fermé en octobre dernier ». L’information donnée par El Mundo qui le tient officiellement de l’opérateur espagnol Enagás, lequel confirme l’événement considéré comme un véritable exploit puisqu’il s’agit de « la première expédition par le gazoduc maghrébin de gaz naturel liquéfié précédemment acquis par le Maroc sur les marchés internationaux et déchargé dans une usine de regazéification ». Ajoutant que l’interconnexion fonctionnera avec les règles techniques de l’Union européenne.
Ainsi, le quotidien rappelle que « le gazoduc a été lancé en sens inverse pour que l’Espagne injecte du gaz vers le Maroc à travers cette infrastructure avec la bénédiction du président des États-Unis, Joe Biden, à partir de Madrid. Il s’agit de la première salve d’exportation de gaz, deux mois à peine après que la troisième vice-présidente Teresa Ribera a averti par courriel son homologue algérien Mohamed Arkab que le gazoduc était prêt pour renverser la vapeur et acheminer du gaz au Maroc ».
Chose promise, chose due, il y a quelques jours de cela, la ministre de la Transition énergétique avait assuré que l’arrivée du gaz était imminente et plus encore, Leila Benali avait précisé que malgré les volumes, il y a eu un véritable engouement de sociétés privées pour le marché marocain en matière de GNL.
Ce premier fait d’armes, au moment même où le monde entier et l’Europe en particulier ont la main sur le cœur de peur de sombrer dans une pénurie grave de gaz en raison de la guerre d’Ukraine, de cette dame au caractère bien trempé confirme la décision de miser sur une stratège venue de loin et arrivée haut parmi les énarques.
Car la dame a plus d’une corde à son arc, elle est non seulement incollable sur les questions d’énergie et de préservation de l’environnement, mais elle a aussi son mot à dire sur les questions dites « de société ». Ce qui a poussé tout naturellement le président de la Commission spéciale sur le modèle de développement à mettre la main sur l’oiseau rare : une jeune marocaine experte de renom en stratégie énergétique et durabilité, spécialiste en stratégie, de l’économie et de la durabilité , ex-présidente de l’Arab energy club et qui a, au cours de sa carrière, piloté de nombreux travaux universitaires concernant la formulation de stratégies et de politiques publiques pour divers gouvernements, des sociétés du secteur de l’énergie, des industriels et des investisseurs institutionnels.
C’est pour cela que les orientations de la benjamine du gouvernement Akhannouch sont si écoutées. En témoigne l’une de ses dernières interventions à l’ouverture du dernier Forum international sur les perspectives locales concernant la connexion entre eau-énergie-sécurité alimentaire de Tanger (27 juin 2022). La ministre qui a ainsi expliqué que la Stratégie nationale de développement durable (SNDD) qui fixe aujourd’hui des objectifs clairs pour la transition du Maroc vers une économie bas-carbone à l’horizon 2050 a remisé la langue de bois pour donner des éléments concrets sur cette stratégie.
On a ainsi appris que la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima (TTA) dispose d’un patrimoine hydraulique important, constitué de 20 grands barrages avec une capacité globale de 6 milliards de mètres cubes avec un potentiel considérable en énergie éolienne et une position stratégique au cœur d’un carrefour énergétique électrique et gazier.
Ce qui fait que la région dispose d’une capacité totale opérationnelle de 400 mégawatts (MW) de source éolienne, soit environ 30% de la capacité installée aujourd’hui en énergie éolienne, avec une capacité supplémentaire de 320 MW en cours de développement.
C’est dans ce sens que le département de Mme Benali a contribué avec une enveloppe budgétaire de 800 millions de dirhams (MDH), dans le cadre du programme national d’assainissement liquide, pour appuyer les 15 projets d’implantation, de réhabilitation, de renforcement et d’extension du réseau d’épuration liquide dans les différentes localités de la région, ainsi que la réhabilitation et l’extension de 14 stations d’épuration au profit des provinces de la région et l’extension de trois stations d’épuration dans la province d’Al Hoceima.
La patronne de l’énergie et du développement durable a fait observer que son département est déterminé à œuvrer, avec toutes les parties prenantes locales et nationales, pour que la SNDD soit non seulement le cadre fédérateur de la transition vers une croissance durable, mais qu’elle s’inscrive en droite ligne des recommandations du Nouveau modèle de développement.