Maroc-Algérie : le sport peut-il faire oublier la politique ?

Le quart de finale de la Coupe arabe de football entre le Maroc et l’Algérie du 11 décembre sentait la poudre. Une tension palpable jusque sur le terrain, avec un match serré qui n’a trouvé son dénouement qu’à l’issue des tirs au but. Alors que les relations entre les deux voisins sont au plus bas, les supporters des deux camps étaient largement mobilisés.

« Ce soir c’est le sport qui parle », s’exclamait Zakaria, un supporter marocain à Casablanca devant le match Maroc-Algérie. Même si « la rivalité plane sur ce match, pour une fois laissons de côté la politique », confie, à l’AFP, ce Casaoui de 36 ans.

À la même table que lui dans un café du centre de la métropole, ses voisins de la table à côté acquiescent. La « politique et le foot ne font pas bon ménage. On est là pour voir du beau jeu », tranche Brahim, qui concède cependant que « la tension est là ». Comme en réponse à son commentaire les fans se font entendre.

« Oh, Tebboune (le président algérien) on arrive ! », scandent d’une seule voix les fans au moment où Mohamed Nahiri égalise pour le Maroc… Au final les Lions de l’Atlas s’inclinent sur le fil. La fatidique séance des tirs au but a trouvé à l’avantage des Fennecs après 120 minutes de jeu et un score de 2 buts partout.

 

Contexte régional tendu

Deux villes même ambiance tendue. Ce « match est déconseillé aux cardiaques », lance à l’AFP un supporter algérien qui suit le match dans un café d’El Biar, sur les hauteurs de la capitale algérienne. Casablanca et Alger ont ainsi frémi d’excitation pendant ce derby maghrébin à haute tension. Même si la plupart des équipes qui disputent cette Coupe arabe au Qatar n’ont pas mobilisé leurs meilleurs éléments, cette mini-répétition générale du Mondial-2022 est prise au sérieux.

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Cette rencontre revêtait forcément une dimension politique dans un contexte régional tendu. Alger a rompu fin août ses relations diplomatiques avec Rabat, accusant le royaume chérifien « d’actions hostiles », sur fond de querelle sur la question du statut des provinces du sud.

À quelques exceptions près, les supporters marocains interrogés répétaient en chœur que le ballon devait rester sur la pelouse et pas dans l’arène politique. C’est « un match important, abstraction faite des tensions politiques. Ceux qui veulent politiser l’affaire n’ont rien compris au football », lâche un téléspectateur, qui ne perd rien de l’action à Doha.

 

« Faites le foot, pas la guerre »

Ces derniers jours, au Maroc comme en Algérie, les médias ont fait monter la sauce avant ce derby entre les Lions et les Fennecs. « Faites le foot, pas la guerre », implorait samedi le site marocain Le360 Sport dans un billet d’humeur. Un « derby maghrébin chaud bouillant qui oppose sans doute les deux équipes favorites de la compétition », prédisait la chaîne publique de TV 2M.

Sans surprise, les réseaux sociaux se sont enflammés, avec des posts railleurs, mais aussi des messages d’amitié. « Je souhaite du fond du cœur que la rencontre sportive d’aujourd’hui soit une opportunité pour les uns de regarder les autres avec un cœur ouvert à la fraternité et à l’affection », a plaidé sur Facebook Karim Tabbou, figure du mouvement pro-démocratie du Hirak en Algérie.