Marine Le Pen et l’obsession de l’Afrique
Finaliste de l’élection présidentielle, Marine Le Pen ne fait pas grand mystère de sa vision de l’immigration, en provenance d’Afrique notamment. À la lecture de son programme, on comprend rapidement que le continent est d’abord pour elle synonyme de migration massive et de terrorisme islamiste.
En matière d’immigration en provenance d’Afrique, Marine Le Pen entend « interdire ou arrêter » les regroupements familiaux. Mais aussi supprimer le droit du sol, mettre fin aux régularisations des étrangers présents sur le territoire français.
En outre, elle compte augmenter significativement le nombre d’expulsions. Elle souhaite ainsi « lever tous les obstacles », tels que la délivrance des laissez-passer par les pays d’origine. Marine Le Pen va si nécessaire user de chantage pour y parvenir.
« Si un État refuse de reprendre ses ressortissants, il fera l’expérience d’une fermeté à laquelle, depuis cinquante ans, aucun dirigeant avant moi n’aura osé recourir », a-t-elle prévenu. Emmanuel Macron avait déjà usé du chantage au visa en 2021 pour faire pression sur les pays du Maghreb.
Lire aussi >> France : durcissement de l’obtention de visas pour les Algériens, Marocains et Tunisiens
Mais la candidate d’extrême droite veut aller plus loin. Prenant l’exemple de l’Algérie, elle a annoncé sa volonté de « conditionner tout nouvel octroi de visa, toute autorisation de transferts de fonds, toute acquisition de propriété en France par un dignitaire algérien » à une « mise en œuvre effective d’une réadmission des ressortissants indésirables sur le sol français par les autorités consulaires algériennes ». La présidente du RN a également annoncé qu’elle « exclurait systématiquement » de l’aide publique au développement les pays refusant d’appliquer les accords de réadmission.
Sous-traiter les demandes d’asile
En plus de l’accélération des expulsions des étrangers en situation irrégulière, le programme de la candidate prévoit d’ériger de nouvelles barrières aux nouveaux arrivants. En matière d’asile par exemple, elle veut « instaurer l’obligation de déposer [les demandes d’asile] dans les services des ambassades et consulats français à l’étranger ». Une mesure incompatible avec le préambule de la Constitution de 1946. Celle-ci qui prévoit en effet que « tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d’asile sur le territoire de la République ».
Lire aussi >> Le Pen-Macron et l’immigration : qu’est-ce qui les différencie ?
La candidate affirme qu’elle contournera l’obstacle en organisant un référendum pour modifier la Constitution. La « loi pourra n’autoriser la venue en France que des seules personnes qui ont obtenu le statut de réfugié et non des personnes dans l’attente d’une décision », selon le programme du RN.
Pendant l’examen de leur dossier, les demandeurs seraient « accueillis sur le territoire d’États avec lesquels France a conclu des accords à cette fin ». Une manière d’annoncer la sous-traitance de l’accueil des demandeurs d’asile. Le programme reste en revanche silencieux sur les éventuels pays qui accepteraient de le faire.