Marilyne Canto : « Le mot paix est revenu à cause de la guerre »
A l’affiche actuellement de la série Follow sur 13ème rue, l’actrice et réalisatrice, Marilyne Canto s’est penchée en 2017 sur le camp de la paix entre Israël et la Palestine dans un documentaire pour Arte. 5 ans après, elle porte encore un regard optimiste sur les solutions entre les deux peuples.
Comment avez-vous eu l’idée de faire ce documentaire « Faire la paix » ?
Marilyne Canto : Arte proposait à travers « Square Artiste », à des artistes de suivre un personnage. Je m’intéressais déjà à la question de la paix et notamment dans cette région. Dans les informations, on entend souvent parler de guerre et de conflits. C’est un endroit qui cristallise de nombreuses tensions. Pourtant, il existe de nombreuses ONG qui militent sur place pour un règlement pacifique et la cohabitation. Je voulais donner enfin la parole au camp de la paix.
Les gens de la paix au Proche-Orient sont-ils utopistes ou tentent-ils de trouver une solution pérenne ?
Marilyne Canto : Les deux. C’est nécessaire de rêver et de rester optimiste surtout dans cette région. Le personnage principal du film et ancien conseiller de Rabin pendant les accords d’Oslo, Ofer Bronchtein est le fondateur du Forum Mondial pour la paix. Il possède un passeport israélien et palestinien. Je voulais avoir quelqu’un qui avait été au cœur de la machine et qui suivait les dossiers après la mort de Rabin. En Europe, on avait l’impression que tout était à l’arrêt. Or, pendant ce temps, les négociateurs étaient encore en relation les uns avec les autres. Ils proposaient des solutions sociales, économiques et environnementales.
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Avez-vous l’impression que ce camp de la paix existe encore ?
Marilyne Canto : On ne connaît pas leur nombre mais les pacifistes agissent pour travailler ensemble, même si c’est dur. J’avais l’impression que c’était une puissance vive et active. A travers des marches, les femmes notamment étaient très impliquées.
Depuis le 7 octobre, les contacts existent-ils entre les deux camps ?
Marilyne Canto : Paradoxalement, les évènements ont permis de se dire qu’il fallait trouver une solution et que la cohabitation existe. Le mot paix est revenu à cause de la guerre. Actuellement, la charge émotionnelle et passionnelle est trop forte des deux cotés pour qu’ils puissent y avoir un dialogue. Les canaux existent encore mais la tension doit baisser d’abord. La guerre est un aveu d’échec. Etre dans le camp de la paix est une position politique.
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Faut-il renforcer l’engagement des artistes pour la paix ?
Marilyne Canto : Depuis le 7 octobre, il y a une injonction à choisir son camp entre Palestiniens et Israéliens. Pour ma part, j’ai participé à une marche blanche qui a fait le choix de ne pas choisir. Il faut nourrir ce lien entre les deux communautés pour qu’elles puissent se rencontrer. Je reste très attachée à la mixité, à la relation à autrui et à l’altérité. Il n’y a que la rencontre entre humains qui permet de faire la paix.
Faire la paix, de Marilyne Canto, plateforme d’Arte.tv
Follow (série) avec Marilyne Canto, Marie Colombin, Vincent Heneine,… (13ème rue)