« Marchand de sable » : le profiteur de la crise du logement

 « Marchand de sable » : le profiteur de la crise du logement

« Marchand de sable » met en lumière le fléau du le mal logement et un portrait de la France d’en bas qui lutte pour se loger décemment.

Pour son premier long métrage, Steve Achepio s’attaque à un problème de société qui pourrit la vie de milliers de familles en France : le mal logement. Avec pour point de départ l’arrivée en France de personnes fuyant la guerre, il brosse un portrait de cette France d’en bas. Celle qui lutte pour se loger, et celle qui profite de la pénurie de logements dans les grandes villes.

Djo, livreur de colis d’origine ivoirienne, vit modestement en région parisienne chez sa mère avec sa fille. Un jour, une tante qui vient de fuir le conflit en Côte d’Ivoire débarque chez eux avec ses trois enfants. Dans l’urgence, Djo réussit à leur trouver un local. Mais face à la demande croissante et dans la perspective d’offrir une vie décente à sa fille, Djo bascule et devient marchand de sommeil.

Avec « Marchand de sable », sorti en salle ce 15 février, Steve Achepio se penche sur le fléau du mal-logement en France. Le film a d’ailleurs reçu le soutien de la Fondation Abbé-Pierre qui aide les personnes à la rue ou en difficulté. Loin de tout manichéisme, le réalisateur montre comment un jeune homme ordinaire (joué par Moussa Mansaly) qui souhaitait au départ aider ses proches peut se laisser tenter par l’appât du gain et profiter de la détresse d’autrui. Benoît Magimel y incarne un Thénardier des temps modernes, alors qu’Ophélie Bau, en assistante sociale dépassée, oscille entre légalité et illégalité en tentant d’aider la famille ivoirienne.

 

Justesse et puissance

Le film suit tout à la fois le parcours de la tante fraichement débarquée en France et en détresse à la perspective d’être à la rue, de l’assistance sociale et accessoirement mère de la fille de Djo, et de Djo lui-même, pris en tenaille entre la solidarité avec ses compatriotes et ses intérêts personnels.

Le résultat est un film touffu, à la réalisation morcelée. Mais, le récit n’en reste pas moins puissant, d’autant plus qu’il colle à la réalité. Le réalisateur Steve Achepio a lui-même été agent immobilier dans une vie antérieure. « J’ai dû choisir entre ma conscience et le besoin de survivre et si je n’ai jamais connu de dilemme aussi grave que mon personnage, j’ai dû accepter le fait que j’avais participé au racisme systémique en acceptant le fait que certains propriétaires ne voulaient pas de locataires de couleur », relate-t-il au journal 20 minutes.

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C’est donc avec justesse et talent que Steve Achepio arrive à mettre un coup de projecteur sur l’univers sombre caché derrière les belles façades parisiennes. En France, près de 450 000 logements occupés sont considérés comme indignes, c’est-à-dire présentant des risques pour la santé ou la sécurité des occupants. Il y aurait en tout 4 millions touchés par le mal-logement.