Mantes-la-Jolie. Il y a 30 ans, Aïssa Ihich décédait en garde à vue

 Mantes-la-Jolie. Il y a 30 ans, Aïssa Ihich décédait en garde à vue

Sonia Ihich au côté de sa mère Amina, au tribunal correctionnel de Versailles, le 20 mars 2001, à l’issue du procès des trois policiers et du médecin Micel Pérol, dans l’affaire du décès de son frère Aïssa au commissariat de Mantes-la-Jolie en mai 1991. JACK GUEZ / AFP

Les violences policières ne datent pas d’hier, ni même d’avant-hier. Il y a 30 ans, le 27 mai 1991, Aïssa Ihich avait 19 ans, il pesait 45 kilos et mesurait 1m 66. Ce même jour, ce jeune homme issu du quartier du Val Fourré de Mantes-la-Jolie (78) est mort en garde à vue, victime d’un malaise cardiaque.

 

Tout commence deux jours plus tôt à Mantes-la-Jolie, alors qu’un groupe de jeunes hommes se voient refuser l’entrée à une fête privée. En colère, ils brûlent des voitures et saccagent des magasins d’un centre commercial de la ville. La nuit tombée, des affrontements ont lieu avec les forces de l’ordre. Nous sommes le 26 mai 1991.

Aïssa Ihich est alors placé en garde à vue pour avoir caillassé des véhicules de police. Le 27 mai au matin, sa garde à vue est prolongée de 24 heures « après avoir été examiné par le médecin légiste, conformément au Code de procédure pénale », indique alors le procureur de la République de l’époque jugeant que l’état de santé d’Aïssa est compatible avec la prolongation de la garde à vue.

Aïssa Ihich est asthmatique. Sa mère se rend au commissariat pour remettre aux policiers les médicaments nécessaires à son fils. Elle aurait été éconduite.

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Le lendemain, le 27 mai, Aïssa Ihich décède à la suite d’un malaise cardiaque. Durant trois heures, l’équipe de réanimation dirigée par le médecin des pompiers aurait tenté, dans les locaux du commissariat de Mantes, de réanimer le jeune homme. En vain.

Il faut attendre onze ans pour que les deux policiers responsables de la mort d’Aïssa Ihich, soit reconnus coupables de « violences aggravées ». En 2002, La cour d’appel ramène à huit mois la peine de dix mois de prison avec sursis, infligée aux fonctionnaires par le tribunal correctionnel de Versailles.

Ce rabais de quelques semaines n’a l’air de rien, mais, selon l’avocat des prévenus Olivier Combe. Il a été calculé à dessein par les magistrats : « La loi de 1995 autorise l’amnistie des condamnations pénales inférieures à neuf mois. Ce qui fait qu’il n’y a pas de peine, et donc, il n’y a pas de sanction sur le plan professionnel, ni d’inscription sur le casier judiciaire. Les deux policiers peuvent poursuivre leur carrière normalement.»

 

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