Malgré l’expulsion de son ex-compagnon violent vers le Maroc, « Khadija la combattante » continue d’être menacée

 Malgré l’expulsion de son ex-compagnon violent vers le Maroc, « Khadija la combattante » continue d’être menacée

Khadija pensait en avoir fini. Mais malgré l’expulsion de son ex-compagnon violent, renvoyé de France en février 2024 vers le Maroc (voir nos éditions) après avoir purgé sa dernière peine de prison, son cauchemar se prolonge. Entre menaces directes et angoisses permanentes, la jeune femme de 34 ans se sent toujours en danger.

 

Depuis son expulsion, Khadija a déposé cinq plaintes contre lui. Récemment, la porte de son domicile a été défoncée, l’obligeant à envisager un nouveau déménagement. Mais cette solution n’offre qu’un répit temporaire. « Il trouve toujours le moyen de me localiser, même via les réseaux sociaux », confie-t-elle avec désarroi.

Surnommée sur les réseaux sociaux « Khadija la combattante », qui tient à garder l’anonymat de peur des représailles, la trentenaire porte encore les stigmates d’années de violences. « J’ai subi énormément d’atrocités : des viols, des coups, une oreille arrachée, des côtes cassées », raconte-t-elle avec émotion. Elle se souvient également de moments d’une cruauté inimaginable : « Un jour, il m’a suspendue au-dessus d’un pont. J’ai vécu la torture et la séquestration. »

 

Mais il y a pire dans cette douloureuse histoire. En 2017, Khadija porte plainte contre son agresseur pour des violences répétées et viol. Le procès se déroule en 2020 aux assises de Limoges, en l’absence de la victime car la convocation en justice avait été envoyée à une mauvaise adresse ! L’homme est condamné alors à huit ans de prison pour violences, mais acquitté des accusations de viol.

« J’ai appris via les réseaux sociaux que son procès était en cours », fulmine-t-elle. Une situation que dénonce également son avocate, Me Pauline Rongier : « Khadija a été confrontée à des failles incompréhensibles de la justice. »

Khalid B. avait déjà été condamné à un an de prison en 2016 pour avoir tenté de défigurer Khadija avec une lame de rasoir, avant de répéter ces violences dès sa sortie de prison à Limoges. Toutes ces condamnations ne l’ont jamais dissuadé de poursuivre ses actes.

Du Maroc, où il vit désormais, l’ex-compagnon continue de harceler Khadija et aussi certains membres de son entourage. Même son avocate est ciblée. Me Pauline Rongier nous a confié également avoir été menacée par Khalid B. « J’ai déposé plainte. J’attends des autorités françaises qu’elles contactent les autorités marocaines pour que l’ex-compagnon de Khadija puisse répondre devant la justice marocaine des actes qu’il commet depuis qu’il est au Maroc. Comme tout le monde, Khadija a droit à une vie normale », insiste-t-elle.

Face à ce climat insoutenable, Khadija demande aujourd’hui au ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, ainsi qu’au ministre de la Justice, Didier Migaud, « de l’aider à sortir de ce cycle infernal ».  « Je ne veux plus vivre dans la peur. J’ai besoin qu’on m’écoute, qu’on comprenne que ma vie est encore en danger », martèle-t-elle.