« Malgré les belles promesses des ministres, mon ex-compagnon continue de me menacer », Yamina Sebaa
En juillet 2020, nous vous relations dans ces colonnes le calvaire de Yamina Sebaa, maman de 44 ans, habitante de Pontoise (95), victime depuis 20 ans de violences conjugales de la part de son ex-compagnon avec lequel elle est pourtant séparée depuis 2004.
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Yamina Sebaa a pourtant remué ciel et terre pour qu’elle puisse enfin avoir le droit de vivre une vie normale. En 2020, elle a écrit à plusieurs ministres dont, le garde des Sceaux Éric Dupont Moretti. En vain. Son ex-compagnon, un colosse d’un mètre 90 pour 130 kilos, avec lequel la jeune femme a eu un enfant, condamné par la justice à deux reprises, en 2004 puis en 2019, continue à ce jour de la harceler, elle et ses enfants.
LCDL : Il y a quelques mois, vous avez écrit au garde des Sceaux…
Yamina Sebaa : Oui, je n’en pouvais plus. Et il a répondu à mon courrier, m’assurant que la lutte contre les violences faites aux femmes était l’une de ses priorités. J’ai reçu également une lettre d’Elisabeth Moreno, ministre de l’Egalité entre les femmes et les hommes, allant dans le même sens. En septembre (NDLR : le 24 septembre 2020), j’ai pu parler avec le vice-procureur qui m’a dit « qu’on ne me laisserait pas tomber ». Sur le coup, j’étais rassurée.
Pourtant, Malgré les belles promesses des ministres, mon ex-compagnon continue de me harceler, de me menacer de mort. Depuis le premier confinement en mars 2020, j’ai déposé quatre plaintes au commissariat. Honnêtement, je ne sais plus quoi faire. Va-t-il falloir qu’il me tue pour qu’il soit mis hors d’état de nuire ?
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Comment expliquez-vous cette situation qui dure encore et encore ?
Je ne comprends pas. Jusqu’au sommet de l’état, on connaît mon histoire. Est-ce dû au réseau de mon ex-compagnon ? Est-il protégé ? La dernière fois, un flic du commissariat de Cergy-Pontoise m’a traité au téléphone de « connasse » parce qu’il en avait marre que je vienne porter plainte ! C’est le monde à l’envers ! Mon ex-compagnon s’est fait quelques amis dans ce commissariat. Il me discrédite devant la police, colportant de fausses informations à mon sujet.
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Que demandez-vous aujourd’hui ?
Le minimum : pouvoir vivre comme tout le monde. Élever mes enfants sans la peur au ventre. Ce monstre veut me voir six pieds sous terre. Chaque jour, je marche dans la rue en me disant que je peux me prendre une balle dans la tête.
Et puis financièrement, c’est de plus en plus difficile. Je paie tous les actes judiciaires. On me dit de demander l’aide juridictionnelle mais cela prend du temps et je n’en peux plus d’attendre ! 20 ans que ça dure ! Depuis octobre, une association m’aide pour les denrées alimentaires parce que j’ai de plus en plus de mal à remplir mon frigo.
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Avez-vous toujours foi en la justice ?
Je suis mitigée. J’ai toujours foi en elle parce que je n’ai pas le choix et parce que j’espère qu’un magistrat va enfin s’occuper de mon cas. J’attends un procès. J’attends de me retrouver face à lui, à la barre devant une Cour d’assises afin qu’il réponde de ses actes. Il m’a détruite mais avec le peu de souffle qu’il me reste, je veux l’affronter. Ce n’est pas simplement pour moi, c’est aussi pour toutes les autres victimes.
Parfois, je perds espoir en la justice à cause de son inaction : de par son inaction, elle m’a « incarcérée » pendant plus de 20 ans. Malgré l’enquête en cours, malgré les auditions, et même si j’ai été reçue au centre médico-judiciaire, mon dossier n’avance pas.
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