Maghreb/Afrique. Trump envisage la suppression du commandement militaire Africom

 Maghreb/Afrique. Trump envisage la suppression du commandement militaire Africom

Dans sa volonté de tronçonner tous azimuts ce qu’il considère comme étant des dépenses fédérales superflues, conformément à une politique du cost-killing en entreprise, le fraîchement investi Trump continue à gérer l’Etat US comme on gère une entreprise via son emblématique « you’re fired! ». Et le domaine sensible de la défense n’échappe pas non plus aux coupes budgétaires.   

Ainsi l’administration du président américain Donald Trump envisagerait visiblement de supprimer le Commandement américain pour l’Afrique, plus connu sous le nom de l’AFRICOM, cette fois dans le cadre d’une réduction des effectifs du Pentagone, a rapporté NBC News, citant deux responsables américains et une autre personne proche des discussions en cours en ce sens.

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Selon le plan annoncé, l’AFRICOM serait « downgradé » et transféré à un poste de sous-commandement relevant du commandement européen, certains responsables de la défense affirmant que cela éliminerait la bureaucratie, ce fléau bête noire du tandem Trump / Elon Musk.

Mais un autre responsable américain a toutefois averti qu’une moindre présence américaine en Afrique pourrait créer un vide de pouvoir que la Russie et la Chine, déjà présentes sur place, ne manqueraient pas combler. Sans parler de la menace jihadiste encore réelle en Afrique du nord, comme en témoigne notamment la persistance de mines artisanales dans les montagnes de Kasserine en Tunisie, à la frontière avec l’Algérie.

« Il est assez clair qu’une réduction de l’assistance américaine serait dévastatrice pour l’armée tunisienne », affirmait Sabina Henneberg, chercheuse en relations internationales au Washington Institute dans une enquête publiée par le site Inkyfada le 21 janvier 2025 intitulée « Entre financement, armes et formation, l’armée tunisienne soutenue par Washington ».

Réunion entre généraux tunisiens et américains en décembre 2024 dans le cadre de l’opération Silent Warrior

Interrogée sur le niveau de dépendance des forces tunisiennes vis-à-vis des États-Unis, l’AFRICOM expliquait jusqu’ici de son côté que « l’objectif est d’aider les pays à être capable de gérer leurs propres défis sécuritaires régionaux » et de développer « des partenariats basés sur l’intérêt mutuel ». En sus des opérations de simulation et d’entraînement conjointes tuniso-américaines, des C-130 américains livrés à la Tunisie ces dernières années ont par exemple effectué plusieurs missions en République Centrafricaine et au Mali, dans le cadre de missions des Nations Unies dans ces pays.

 

3600 soldats concernés

Le Commandement des États-Unis pour l’Afrique (en anglais United States Africa Command ou AFRICOM) est un commandement unifié pour l’Afrique créé par le département de la Défense des États-Unis en 2007 et entré en fonction en 2008. Il coordonne toutes les activités militaires et sécuritaires des États-Unis sur ce continent. Une doctrine à visée impérialiste qui n’entre en réalité en conflit avec la doxa trumpiste isolationniste que pour des raisons purement comptables.

Ne comptant que 400 hommes au départ, le nombre des troupes de l’Africom a officiellement atteint les 3600 soldats et officiers.

Avant 2008, les activités militaires des États-Unis en Afrique étaient déjà partagées entre l’USEUCOM, le USCENCOM et le USPACOM. En 1983, les planificateurs stratégiques des États-Unis ont placé la majeure partie du continent sous la responsabilité du Commandement européen dans la mesure où la majorité des pays africains étaient d’anciennes colonies européennes ayant conservé des liens politiques et culturels avec l’Europe. Il est donc question d’un retour à ce point de départ infiniment moins coûteux pour le contribuable américain.